dimanche 30 octobre 2011

LA DÉTRESSE DES HOMMES 1e partie

LA DÉTRESSE DES HOMMES

Quelles sont ces conditions matérielles d'existences qui déterminent les idées des hommes (la pensée humaine) ?

Les facteurs sont multiples: la physiologie humaine, la géographie, la densité de la population, etc... Marx et Engels, qui les premiers ont élaboré le matérialisme dialectique et l'ont appliqué à l'histoire (matérialisme historique), ont conclu que de tous les facteurs venant déterminer les formes spécifiques de la pensée humaine, il y en avait un de principal, à savoir: les formes spécifiques et historiques de l'organisation de la production (les modes de production). C'est-à-dire, comment les hommes se sont historiquement organisés pour répondre à leurs besoins.

Le mode de production actuel, c'est l'exploitation capitaliste. Ce système basé sur le profit individuel, et sur la rivalité entraîne à tous les niveaux des situations de conflits et division: la guerre, la famine, l'oppression des femmes, des minorités nationales, des immigrés, etc... Partout où ces conditions d'existences seront plus dures (ex: prolétariat), on retrouvera un terrain plus propice au développement de la perturbation mentale.

Parallèlement, ce mode de production entraîne au niveau idéologique un mode de pensée individualiste qui reproduit la rivalité, la division et l'oppression.

La bourgeoisie entretient cette idéologie à tous les niveaux: institutionnels, scolaires, familial, média d'information, etc...

De cette façon, la bourgeoisie consolide son pouvoir en empêchant le peuple de se donner les moyens de comprendre la réalité et de la transformer. La folie est donc partie intégrante de la pensée bourgeoise idéaliste et individualiste. L'une et l'autre masque la réalité. Dans ce sens, chacun est exposé à développer une pensée "folle" parce que chacun a, à divers degrés, une pensée idéaliste. Dans certains cas, cette possibilité se développera de façon caractéristique.

La folie

Pour que la folie se développe, il faut trois conditions: une situation d'oppression et des facteurs d'invalidation extérieurs.

La succession quantitative d'invalidations produit éventuellement une intériorisation de ces invalidations. La répétition de ces invalidations produit le bond qualitatif chez l'individu: le développement d'un mode d'être et de pensée basée principalement sur cette ou ces invalidations intériorisées, ce qui déterminera qu'un individu intériorisera les invalidations et les fera même siennes, c'est son incapacité de confronter ces messages à la réalité. C'est-à-dire son incapacité (jeune âge, homme, femme, éducation, etc...) à adopter un point de vue matérialiste.

En résumé, l'idéalisme et l'individualisme, produits idéologiques de la société capitaliste, sont les facteurs déterminants de la perturbation de la pensée d'un individu placé dans une situation d'oppression elle-même engendrée par cette même société.

mercredi 26 octobre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 64e partie

Emprunter le trajet ouvrant à des changements, c’est donc assumer et intégrer les manques et les limites reconnues chez soi et les autres, comme une partie du réel, mais en s’ouvrant aussi à un monde possible et susceptible d’être enrichi, comme autre partie du réel à léguer en héritage. Par ce processus, le sujet s’engage, plutôt que de blâmer la génération précédente, dans une démarche de responsabilisation face à lui-même; il accomplit ainsi un geste d’amour et de générosité envers ceux qui suivront.

L’intervenant, soucieux de travailler dans cette optique auprès du jeune ou de l’adulte, l’accompagnera dans son cheminement difficile tout en le supportant dans la prise de conscience des mécanismes de la répétition dans sa vie. Il l’assistera dans l’élaboration de son histoire, dans le deuil de son douloureux passé, en nommant l’angoisse devant l’inconnu et le non familier. Cet accompagnateur ne doit cependant pas être considéré comme celui qui réparera les blessures de l’enfance mais plutôt qui travaillera avec le sujet sur ce fait d’ « accepter de vivre avec son passé »; le considérer comme un sauveur implique le risque de se perdre à nouveau plutôt que de se rapprocher de soi.

Ce guide ou témoin devrait être évidemment préparé à un tel accompagnement; plus, il devra lui-même être engagé dans cette voie de la libération des fantômes de son propre passé qui, redisons-le, représente le travail d’une vie. En effet, c’est avec le temps que le présent, conjugué en temps réel et non plus confondu avec le passé, peut revitaliser et donner toute leur authenticité aux contacts entretenus avec autrui dans sa vie relationnelle, de même qu’à ses choix, voire à sa vision renouvelée du monde.

Toutefois, ce type d’intervention n’apparaît pas indiquée comme telle s’il s’agit de personne qui souffrent de problèmes importants de santé mentale, requérant une assistance plus spécifique en raison de la nature de leurs conflits intra psychiques, de leurs symptômes et de leurs mécanismes de défense.

L’être humain est une entité complexe : il peut subir des violences, il peut en infliger, en provoquer et en fabriquer. Il peut aussi les prévenir, les réparer, les soulager. Quand il dispose des ressources nécessaires, il peut mettre fin à un cycle répétitif de violences et décider d’évacuer les fantômes du passé pour pouvoir conjuguer sa vie au présenter et se choisir comme maître de sa destinée.

Ce mouvement chez celui qui s’engage dans la voie de la nouveauté comporte une sorte de vertige engendré par le « non posé devant le familier douloureux, et par le « oui » à l’inconnu angoissant. À partir du moment où la personne reconnaît l’infiltration de la répétition dans sa vie, un choix s’impose entre deux orientations possibles, soit s’installer dans la sécurité factice de la répétition, soit se livrer à la démarche exigeante qui conduit au changement. L’une et l’autre font vivre, de toute façon, une angoisse : l’une, stagnante, tout comme la récurrence du « souffrir », alors que l’autre, créatrice, peut ouvrir à la métamorphose du « vivre ». Cette angoisse associée au passage vers « autre chose » est, à juste titre, décrite par Juliette Favez-Boutonnier (1963), comme « l’émotion de la liberté ».

lundi 24 octobre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 63e partie

Reconnaître son vrai Soi et s’ouvrir à la différence
Se rapprocher peu à peu de ses désirs propres, de ses goûts, de ses aspirations. Se reconnaître le droit à la différence par rapport à ses antécédents et au système familial connu, en reconnaissant la part d’identification à des figures de son passé et en restant à l’écoute des autres. Trouver soi-même réponse à ses besoins plutôt que de l’attendre de figures parentales fabriquées par l’illusion. Choisir véritablement sa vie, autant dans ses relations affectives que dans ses activités, avec le minimum d’infiltration sournoise des fantômes du passé.
Faire le deuil de l’amour rêvé

Réaliser les limites, l’imperfection des objets d’amour et par conséquent, reconnaître les conditions réelles de son enfance, voilà l’étape la plus pénible et la plus longue dans ce processus. Il s’agit de faire le point sur ce qui a été difficile, pleurer le vide laissé parce qui n’a jamais eu lieu, vivre la colère et la tristesse liées aux manques. C’est aussi voir ses parents comme des humains eux-mêmes tributaires de leur passé. Vivre ce deuil implique donc pour le sujet la difficile prise de conscience de l’impossibilité de changer lui-même plutôt que de vouloir modifier son ou ses parents. C’est donc accepter de façonner son devenir avec ce qui a été et ce qui est, et non à partir de ce qui aurait dû être.

Comme dans tout processus de deuil, celui-ci soulève des émois souvent excessifs et difficiles à porter : révolte, solitude, tristesse, colère, culpabilité. Pour certains dont les pertes, les manques et les violences subis ont été très intenses, le deuil peut se transformer en mélancolie, en ce sens que le cours de leur vie sera d’autant alourdi par le boulet de ce passé par moments inassumable. S’engager dans une démarche personnelle présentera des exigences proportionnelles aux blessures subies, sans garantie de se libérer des fantômes du passé, avec des moments de résistance et de désespoir, et d’autres, d’ouverture et d’espérance. Le deuil porte en lui-même un visage mortuaire, mais offre aussi une facette vivante puisqu’il fait partie de la continuité de la vie.

Travailler ainsi pour soi, c’est aussi travailler pour sa descendance, en lui offrant un être plus vrai plus ouvert à la vie et à la souffrance malgré tout inévitable, mais qui sache d’autant mieux le guider sur le chemin de la découverte de soi.

Le changement ne se fait pas sans douleur. Entre le connu et le possible, le sujet affronte l’angoisse de « s’exposer », i.e. d’oser vivre pleinement le dérangement entraîné par la prise de conscience de soi et des autres, l’inquiétude d’être déloyal à certains moments, et des sentiments de culpabilité et de honte parfois lourds à soutenir. La voie de la transformation exige donc du courage et de la détermination, et aussi d’avoir foi et espoir dans la vie et dans un mieux-être.

samedi 22 octobre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 62e partie

Comment alors subir ces violences sans que monte une colère, voire une rage intérieure qui cherche des issues pour éclater? « Ce qui est enfermé dans le cœur devient grande colère » dit un grand maître japonais. Certains êtres écorchés survivent : ils vivent dans leurs fonctions biologiques mais ils agonisent parfois dans leur vie psychique….Être mort vivant, ne pas pouvoir développer ses ressources endormies parce que le vécu d’enfant a dépassé les capacités d’absorption : n’est-ce pas là la pire violence qu’un être humain peut subir? Nous pouvons alors mieux comprendre que des victimes deviennent à leur tour bourreaux, qu’ils s’arment contre le ressentir douloureux et passent à l’attaque à leur tour, comme s’ils criaient dans l’agir : « Voyez ce qu’on m’a fait! »

Comment, alors, briser le cycle répétitif de cette course à relais d’une génération à l’autre? Des cliniciens chevronnés se sont penchés sur ce phénomène humain, à commencer par Sigmund Freud, puis Silma Fraiberg, Arthur Janov, Jack Lee Rosenberg, Alice Miller et d’autres. Touts ont parlé de l’importance de liquider les émotions liées au souvenir douloureux afin de pouvoir vivre enfin le présent d’une façon dégagée, et ainsi éviter de reproduire le scénario stérile.

Selon moi, la voie royale pour la prévention de la répétition intergénérationnelle est, par conséquent, de permettre aux enfants, dès leur jeune âge, de s’exprimer sur les événements qu’ils vivent et les émotions liées, leur livrant ainsi le message qu’il est permis de ressentir, et qu’il est bienfaisant d’exprimer ce ressentir pour s’en délivrer. La parole prend sens de communication; elle ne se limite pas à un langage utilitaire ou exhibitionniste. À chaque fois qu’elle se présente, une telle communication par la parole pleine devient un pas de plus vers la confiance dans les relations humaines, donc une prévention contre la fermeture sur et par là même, contre la répétition. Et la présence de cet espoir est essentielle lorsqu’arrive un coup dur.

Mais lorsque la répétition est déjà installée, l’antidote – i.e. le moyen de briser ce cycle de douleur subie et infligée – est, selon moi, l’engagement dans une démarche personnelle vers un changement de cap…démarche très difficile parce qu’elle implique un déséquilibre majeur entre le connu et l’inconnu : la personne désirant mettre fin à la reproduction de comportements problématiques se retrouve acculée à l’évidence de devoir effectuer des modifications importantes dans sa vie. Il s’agit d’une démarche lourde d’exigences en temps et en énergie, lourde aussi en conséquences; elle requiert souvent une aide professionnelle appropriée. Les trajets empruntés ne se font pas nécessairement de façon successive, mais ils représentent des portes d’accès possibles au changement:

Prendre conscience de la répétition
Constater l’emprise du cycle répétitif; être déterminé à en sortir, c’est d’abord prendre conscience de ce qui se rejoue dans sa propre vie et des moyens adoptés jusque là pour se protéger de la souffrance. En considérant ce qui est répété, comment où et avec qui, on peut dire que déjà, l’exorcisme du passé est commencé.

S’autoriser à se souvenir
Reconnaître son histoire, en revenant sur les faits passés, au risque de briser ainsi l’illusion d’une enfance totalement heureuse. Se souvenir des blessures subies (physiques, psychologiques), et peut-être aussi infligées à d’autres; mettre en images et en mots, sans minimiser, sans nier les passages difficiles; reconnaître les failles du système familial, les siennes aussi bien que celles des objets d’amour idéalisés….Cette démarche ne se fait pas sans un sentiment désagréable de manquement à la loyauté, mais aussi de reconnaissance de ses propres limites.

Toutefois, mettre à jour le passé ne le transforme pas ou ne l’efface pas; croire que le fait de s’en souvenir puisse en « débarrasser » le sujet, serait en nourrir une autre illusion tout aussi dommageable.

S’autoriser à ressentir
Retourner un passé laissé en suspens. Laisser monter les sentiments douloureux liés à certains souvenirs et les exprimer, c’est faire place au devenir, dégager un espace pour construire, vivre sa génération plutôt que d’emprunter les dédales tortueux et stériles transmis par la précédente.

jeudi 20 octobre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 61e partie

INTRODUCTION

VIOLENCES HUMAINES

Je fais mienne la pensée de L. Doré.

« La vie est difficile » : c’est la première phrase du livre de Scott Peck, Le chemin le moins fréquenté, publié en 1978. Oui, la vie est difficile parce que chargée de contradictions, de paradoxes. Par exemple, la naissance est une mort à la chaleur enveloppante du nid maternel, à l’abri d’intempéries de toutes sortes, en même temps qu’elle est le signe sensible du renouvellement de la vie et de la continuité de la race humaine.

La vie est difficile aussi parce qu’au cœur de ces paradoxes, on y rencontre des violences, les unes plus dures que d’autres, certaines passagères d’autres persistantes, et parfois certaines sont traumatisantes. Personne n’est épargné, mais l’intensité varie d’une situation à l’autre.

La première violence au chœur de chaque histoire personnelle se trouve dans la séparation avec le corps maternel, après neuf (9) mois d’incubation dans le monastère utérin. C’est le choc avec l’extérieur : avec la lumière du jour, avec des bruits inhabituels, avec une nourriture différente, avec des sensations toutes nouvelles, sous des variations de température, hors de la stabilité climatique de l’utérus familier, entouré de plusieurs voix, de plusieurs bras, d’odeurs et de sons jusque là inconnus.

Dans la suite de sa naissance et tout au cours de son développement, le petit de l’homme doit apprivoiser la nécessité de s’adapter dans les efforts, et il doit se faire violence. Ainsi :
- le sein ou le biberon doit faire place au verre au lait réduit en matières grasses;
- Les mimiques ou les gestes ne suffisent plus; il faut comprendre les mots, les retenir et les dire;
- Le sommeil devient l’apanage de la nuit, et les repas se prennent à heures fixes, avec des outils que les grands appellent ustensiles;
- Le véhicule de déplacement ne réside plus dans les bras de maman ou de papa : c’est le « quatre pattes », puis la chambranle, puis le « deux pattes » dans toute sa fierté;
- Voilà que ça devient désagréable d’avoir les fesses enrobées et souillées, au point où il faut se décider à dire oui à la toilette;
- Et puis il ne faut pas toucher aux boutons du téléviseur, ni ouvrir les tiroirs du grand frère, ni frapper la petite sœur.

Puis commence l’école, les apprentissages successifs avec la nécessité de se concentrer….puis l’adolescence où on cherche sa place entre les plus jeunes et les adultes à qui on tente de ne pas ressembler.

Et on fait peu à peu connaissance avec le sens des liens, des déceptions, des insuccès, des brisures.

Mais tous ces efforts à frayer avec la vie se trouvent compensés par l’amour, l’amitié, l’affection, les succès, les réconciliations, les surprises, les célébrations….C’est la loi de l’équilibre vie/mort, réalisations/renoncements, qui permet à l’être humain de poursuivre sa route en créant des liens et en profitant de ses expériences. Ce faisceau de rayons tantôt lumineux tantôt ombrageux qui l’entoure, le maintient branché, et le fait témoin et acteur de la force et de la vitalité humaine.

Les réalités contemporaines fourmillent de violences ouvertes, dont l’éclatement de la famille nucléaire, le stress et l’insécurité au travail, les tensions inter-raciales, la menace des organisations criminalisées, les maladies mortelles, les cataclysmes, les guerres intermittentes, etc. Certaines réalités personnelles aussi viennent agresser le cours de la vie de chacun de nous, principalement les pertes importantes : décès d’êtres chers, séparation de couple ou d’amis, perte d’emploi, perte de capacités physiques ou psychologiques. Malgré tout, la race humaine traverse ces parcours et continue à vivre debout en appréciant les beaux sentiments, les œuvres d’arts, la fraîcheur des enfants, la beauté des paysages, les personnes au cœur bon. La grandeur de l’invisible nous permet de traverser ces paradoxes de la vie.
Mais le trop-plein arrive avec la démesure. Dans certaines familles ou pour certains individus, cet équilibre entre les renoncements nécessaires et les gratifications compensatoires est difficile à réaliser car le poids des violences subies et les blessures engendrées dépassent largement leur capacité humaine de les absorber. En effet, il est des violences caustiques que d’autres, qui en arrivent à décaper l’âme humaine, dans un cycle infernal de répétitions intergénérationnelles de souffrances aiguës. Les intervenants en relations humaines en savent quelque chose sur le ravage causé par les violences physiques et psychologiques subies par ceux et celles qu’ils tentent d’accompagner dans leur détresse issue de l’une ou l’autre ou de plus d’une des violences suivantes :

- être abandonné par un ou par ses deux parents;
- être privé de nourriture, d’hygiène, de chaleur, d’attention, de surveillance, d’affection;
- être agressé dans son intimité, sexuelle ou autre;
- être violenté physiquement;
- subir des agressions psychologiques;
- être témoin de violence, conjugale ou autre;
- être la cible de rejet attentif, voire d’indifférence de la part de ceux de qui l’enfant attend la vie psychique dans l’illusion qu’elle accompagne automatiquement la vie biologique;
- être plongé dans la solitude de celui qui ne sent pas sa place au soleil ni de regard aimant sur son individualité.

mardi 18 octobre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 61e partie

Les technologies du soi.

Les hommes violents ont besoin d’apprendre les technologies du soi. Vers la fin de sa vie, Michel Foucault se disait de plus en plus fasciné par l’étude des technologies du Soi, c'est-à-dire des diverses façons qu’ont eues les êtres humains au cours des siècles d’agir sur eux-mêmes, sur leur corps, leur esprit, leurs pensées et leur façon d’être, dans le but spécifique d’atteindre un état de bonheur, de pureté, de sagesse, de perfection ou d’immortalité.

Ces technologies du soi, disait-il, supposent et impliquent des pratiques d’entraînement et de formation des individus—des pratiques du Soi—non seulement dans le sens plus évident d’une acquisition de certaines compétences corporelles ou de certains talents personnels, mais aussi dans le sens d’une acquisition de certaines attitudes envers soi. Ces technologies du soi sont en quelque sorte des techniques de constitution et de domination de soi, en d’autres mots, des techniques de subjectivation. Par techniques de subjectivation, Foucault entend donc cette opération par laquelle « les individus se prennent eux-mêmes comme objet de connaissance et domaine d’action afin de se transformer, de se corriger, de se purifier, de faire son salut ». Comme l’explique Deleuze, alors que le pouvoir chez Foucault implique un rapport de la force avec d’autres forces, la subjectivation implique « un rapport de la force avec Soi » (Deleuze, 1990, P. 127 )

Deleuze nous rappelle que Nietzsche voyait dans ce rapport à Soi l’ultime dimension de la volonté de puissance, le vouloir artiste (voir Deleuze, 1990, p. 160). Chez Foucault, cette subjectivation trouve son origine chez les Grecs et se poursuit de façon différente chez les Chrétiens. Elle fait partie intégrante de « la production des modes d’existence ou styles de vie » et contient aussi une dimension profondément esthétique. Jean Pierre Vernant abonde dans ce sens : « Ce que Foucault identifie comme étant cette culture de soi, ce travail de soi sur soi, cette fabrication de soi à travers ces techniques que sont exercices spirituels, examens de conscience, efforts de remémorisation, etc, » chez les Grecs et puis chez les chrétiens, constituaient alors, et pourraient se transposer aujourd’hui en un véritable esthétique de l’existence. » (1989, p. 267 )
Y-a-t-il un Soi ou un processus de subjectivation dans les techniques d’exercices spirituels? Nous proposerons donc ici une réponse à cette question en examinant certains exercices physiques ou spirituels, comme forme spécifique du rapport à Soi, pouvant aider les hommes à mieux se rencontrer émotionnellement. Comme technologies de Soi, le Karaté-do, pour les hommes violents peut être une esthétique de vie ou un mode d’existence

Nous avons rejoint ici la définition de base que Foucault donne des « technologies de Soi. », soit les diverses façons qu’ont eues les êtres humains au cours des siècles d’agir sur eux-mêmes, sur leur corps, leur esprit, leurs pensées et leur façon d’être, dans le but spécifique d’atteindre un état de bonheur, de pureté, de sagesse, de perfection ou d’immortalité. Toute technologie de Soi peut cependant être employée à d’autres fins que cette esthétique de vie identifiée ici par Foucault.

Pour ceux et celles qui pratiquent cet art traditionnel ( karaté-do, le kata et les arts budo) régulièrement et pendant des années, est vécu comme une véritable technologie d’amélioration et de construction du Soi où ils recherchent, connaissent le discours, et acquièrent une confiance accrue de meilleures relations avec les autres, la maîtrise de l’agressivité, la force et la souplesse de caractère. Ces techniques ( karaté-do, le kata et le budo) sont vécues comme forme d’absorption totale du soi où corps et esprit sont en parfait accord. Comme tout art, le kata est compris comme une forme de construction et d’expression de Soi à travers des techniques artistiques qui deviennent fondamentalement Soi. Ce soi n’est pas un concept, mais une expérience qui surgit…, il ne s’agit pas d’un soi égocentrique, mais d’un soi actif, vigilant éveillé, réceptif, intégré à son environnement : Ses mains et ses pieds sont les pinceaux; l’univers entier est la toile sur laquelle il peint pendant 70, 80, ou même 90 ans.

L’homme qui s’adonne au karaté devient un homme libéré, il devient l’homme de toutes les femmes. À travers ces techniques, hommes et femmes semblent avoir relié dans leur propre « Soi » deux opposés apparents de notre société : la fermeté et la souplesse, ou encore la force de caractère et la sensibilité.

On termine avec une parabole Zen. Un guerrier Samourai vient affronter un moine en lui demandant si le ciel et l’enfer existent. Le moine l’écoute et, en réponse l’insulte en lui disant qu’il est trop stupide pour comprendre. Vexé, insulté, le guerrier tire son épée pour le châtier. Le moine, en le voyant, s’exclame : « C’est ici que s’ouvrent les portes de l’enfer! » montrant l’épée brandie. Surpris, le Samourai s’arrête, réfléchit un instant et replace lentement dans son fourreau l’épée. « C’est ici que s’ouvrent les portes du ciel! », de déclarer alors le moine. Cette allégorie, bien connue des pratiques du budo, suggère que pour ce qui est du processus de subjectivation dans ces techniques, le véritable Soi, le soi « esthétique » est celui qui surgit, dans son choix du non-soi.

Harmoniser son esprit avec son corps.

Être capable de reconnaître et de ressentir à la fois la conscience de l'esprit et celle de la forme constitue le premier pas à effectuer dans le processus de transformation conciente de la forme charnelle afin qu'elle adhère à l'esprit.
C'est un peu comme vivre avec deux personnes en toi.
Il se peut que l'esprit veuille galoper en tête, aussi doit-il apprendre à avancer à l'allure qui convient à la forme.

L'homme violent a besoin de créer un équilibre intérieur

Par un exercice comme celui là.

Il s'agit de s'asseoir confortablement, le dos droit, il doit fermer les yeux et se détendre complètement.

D'imaginer une longue corde de la base de la colonne vertébrale descendant jusqu'au sol et s'enfonçant dans la terre. Cela s'appelle une corde de prise de terre.
A présent, imaginer l'énergie de la terre circulant à travers cette corde, irrigant toutes les parties de son corps, s'en échappant par le sommet de la tête.
Puis, imaginer l'énergie du cosmos s'écoulant à travers l'extrême de son crâne, traversant son corps, descendant par la corde de prise de terre jusqu'à ses pieds et pénétrant la terre. Sens ces deux courants se diriger dans des directions différentes et se mêler harmonieusement dans son corps, cela engendre un équilibre qui augmente la sensation de bien-être, la puissance d'expression.

dimanche 16 octobre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 60e partie

Comprendre notre fonctionnement de notre système d’alarme pour mieux s'armer contre le stress

Nous avons vu les réactions physiologiques engendrées par la peur. Mais comment donc cette peur nous est-elle signalée? Quel est le processus qui déclenche ce système d’alarmes? Le croquis illustre les différentes voies suivies par l’information :

- L’organe sensoriel (1) envoie un influx d’alarme au cortex (écorce cérébrale, 2).
- Dans le cortex se déroule qu’au stimulus d’alarme, nous associons l’information « danger ».
- À la réception des signaux d’alarme, des émotions de peur apparaissent dans l’hypothalamus (3), zone à la base du cerveau qui est le siège de centres supérieurs du système neuro-végétatif.
- Ces émotions sont transmises à l’hypophyse (4), une glande située sous le cerveau.
- Celle-ci sécrète une hormone – l’ACTH (corticostimuline) – directement dans le circuit sanguin (5).
- Les deux glandes surrénales (6) surmontant les reins réagissent à l’ACTH contenu dans le sang et sécrètent à leur tour des hormones, en particulier de l’adrénaline.
- Cette hormone (7) oriente l’organisme vers une réaction de combat ou de fuit. Simultanément, le stimulus d’alarme a activé notre système neuro –végétatif par l’intermédiaire de l’hypothalamus.
- Cette surexcitation de tout l’organisme (8) est signalée au cerveau. (C’est ainsi que, par exemple, nous nous rendons compte de l’accélération de notre rythme cardiaque.)
- Mais ces informations d’excitation sont surtout transmises au tronc cérébral, dont une partie constitutive, la formation réticulaire (9), émet des impulsions vers l’écorce cérébrale.
- Ces impulsions provenant de la formation réticulaire excitent l’écorce cérébrale. Celle-ci est donc un summum de sa réceptivité, elle « s’éveille ». On atteint ainsi un état de vigilance maximale : toutes les données informatives émises par l’environnement sont captées et traitées avec une grande précision.

Nous voici prêt à réagir face au danger. Grâce à son état de surexcitation, le cortex favorise au maximum la réception et le traitement des éléments d’information. Il provoque par conséquent un comportement et que nos capacités motrices sont pleinement utilisées. C’est l’orthosympathique qui, aidé des hormones surrénales, nous a fourni l’énergie nécessaire.

Rester sensible à nos émotions est une garantie efficace "

Il faut apprendre à reconnaître nos émotions. (voir croquis)
On a souvent l'impression que nos émotions peuvent nous ébranler et nuire à notre objectivité : surtout lorsque les enjeux sont importants.
Il faut comprendre que les émotions constituent d'abord un système d'information. Elles nous renseignent sur nos besoins, l'urgence d'y répondre et l'efficacité des moyens que nous prenons pour les combler.
Évidemment on utilise plus volontiers nos émotions dans nos relations parce que nous sommes plus sensibles à l'importance de nous occuper de nos besoins dans notre vie privée.
Dans le domaine affectif, s'informer adéquatement de ce qui se passe en nous permet de comprendre notre situation dans son ensemble: nos besoins, nos réactions face à l'autre.
Ce système d'information tient compte de l'ensemble de nos priorités et nous aide à nous diriger.
Face à nos sensations, personne ne songerait à se priver de ses sensations. Si je ne voyais pas, n'entendais pas, si je ne sentais pas le sol sous mes pieds, il me serait impossible de garder mon équilibre en marchant.
Les émotions jouent un rôle identique sur le plan psychologique. Il faut faire une différence entre ressentir les émotions et les exprimer et à les ressasser, on ne risque pas d'être paralysé par elles, c'est une garantie d'efficacité que de rester sensible à ses émotions. Faisons confiance à nos émotions, qu'on leur permet de se développer, on va finir par trouver ce qui cloche.
L'homme violent a de la difficulté avec ses émotions et il doit comprendre quand on refuse d'identifier ses émotions, notre malaise ne disparaît pas, mais il devient inutilisable.
Nos émotions sont nos signaux d'alarme, il y a des choses importantes dont on ne s'occupe pas et il faudrait y voir. Dans un premier temps, on va ressentir du stress, de l'angoisse. Les hommes qui préfèrent éviter leurs émotions vont avoir tendance à continuer de les éviter.
Dans un deuxième temps, ils vont développer des symptômes connexes, une phobie par exemple.


Ils ont une peur incontrôlable de tout. On fait traiter la phobie, on la fait disparaître à l'aide de médicaments, mais ce n'est pas le vrai problème et le déséquilibre intérieur reste entier.
Finalement, c'est l'organisme physique qui va finir par en subir les conséquences.
On va développer un ulcère d'estomac ou des problèmes cardiaques.
À cette étape là, il est trop tard pour retrouver les traces du problème initial.
C'est le prix que l'on paye quand on passe par dessus ses émotions. C'est comme une peine d'amour: c'est dur, c'est épouvantable, la vie n'a plus de sens...pendant un certain temps. Ça se termine relativement vite si on laisse nos émotions prendre toute la place. L'homme violent a peur de se laisser aller parce il a peur de ne plus s'en sortir.
Mais se laisser aller à sa tristesse, par exemple, ça ne veut pas dire qu'il faut pleurer continuellement, il faut aller au fond de sa tristesse pour faire le travail exploratoire qui va nous permettre de comprendre pourquoi on a échoué...et pour passer à autre chose. De plus. ce n'est pas parce qu'on s'exprime beaucoup qu'on est d'avantage branché sur ses émotions et la société continue à dresser toutes sortes de barrières.
Aujourd'hui, c'est très risqué pour un homme d'avoir un comportement appréciateur par rapport à une femme. Le moindre compliment peut être interprété comme de la condescendance ou du harcèlement.



On se retrouve sous un univers où tout le monde essaie d'avoir l'air asexué et on perd beaucoup au change.



On se prive d'une énergie, d'un enrichissement qui devrait être l'apanage des groupes mixtes.
Quand il n'y a plus d'émotions, il n'y a plus de vitalité.

jeudi 13 octobre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 59e partie


L’AMOUR EN GUERRE

La relation de couple ne peut pas être une zone de guerre où chacun cherche par la voie de la force et de la domination à contraindre l’autre. La violence et la guérilla émotionnelle ne peuvent pas être la base de la vie conjugale. Je fais quelque chose que tu n’aimes pas et ensuite tu fais quelque chose que je n’aime pas pour me faire mal et me faire payer ce que je t’ai fait. Un tel cercle vicieux ne mène qu’au conflit perpétuel et à la rupture. On vient à accumuler tant de colère et de rancœur qu’on ne peut plus rester ensemble.

Alors comment puis-je mettre fin à ce cycle de conflits sans fin? Il faut se réveiller et se rendre compte que l’on est responsable de son bonheur et du bonheur de l’autre, et poser les armes. Lorsqu’un des conjoints cesse de faire la guerre, l’autre doit inévitablement cesser le feu. Il faut tenir le coup sans retrouver nos vieilles habitudes. Éventuellement, en faisant preuve de patience, en rétablissant la communication et en sachant pardonner, on pourra rétablir l’harmonie au sein du couple.

mardi 11 octobre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 58e partie

Ross (1995) insistait pour dire qu’un processus d’autonomie demande trois grandes qualités pour son épanouissement :
- Une capacité de s’autodiscipliner (ne pas dire n’importe quoi, n’importe où et n’importe comment).
- Une capacité de s’auto-évaluer (anticiper et juger la portée de ses actes).
- Une capacité d’établir des relations égalitaires (la démocratie ne doit pas rester qu’un mot).

L’homme violent doit savoir que l’autonomie ne s’achète pas mais s’acquiert à l’intérieur du chemin ponctué d’efforts, d’opportunités et de compromis.

Quelques outils lui permettant de transformer ses certitudes, ses a prioris qui le restreignent à son insu pour l’amener à des pensées en accord avec ses buts profonds et à des perceptions élargies de la réalité. Donc, comment gérer notre colère.

La colère est une émotion juste, valable, pertinente. La colère a une valeur positive et vous êtes tout à fait en droit d’éprouver ce sentiment. Il faut la renforcer afin d’en favoriser l’expression.

Gestion de la colère

Aide mon autonomie

Éléments déclencheurs d’une colère



Moi j’ai tendance à….

dimanche 9 octobre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 57e partie

La revue de Presse nous montre clairement que la souffrance humaine a tous les visages, celui de la détresse physique, mais aussi celui de la détresse psychologique. Homme et femme modifient les émotions, souvent à l'origine du comportement qu'ils souhaitent transformer. Cette prise de conscience dévoile les mécanismes de défense mis en place pour anesthésier, fuir, éviter. Le sujet comprend comment ces mécanismes sont eux-mêmes à l'origine des manques de confiance, culpabilités, agressivités qui dégradent ses relations, ses motivations, se répercutent sur son état de santé mentale et l'incitent à reproduire sans cesse le même cycle. Les deux doivent créer leur liberté, créer la liberté en dehors du manque, remplacer la compensation par la communication, s'affranchir des réflexes compensatoires issus de l'enfance et intégrer les changements au quotidien et dans la réalité, apprendre le soutien, la confiance.



"L'homme connaît le monde non point par ce qu'il y dérobe, mais par ce qu'il
y ajoute."

- Paul Claudel

La littérature nous démontre que la rupture avec le partenaire violent survient, suite à l’installation d’un rapport de force, basé sur la peur. L’enjeu pour le client est d’admettre cette situation qu’il a créée et de concevoir à partir de maintenant une disponibilité nouvelle à l’établissement de relations égales, exemples de toute domination.

Crise Adulte
Confrontée à des adultes, qui pour la plupart ont subi des sévices ou crises importantes dans leur enfance, l’expertise actuelle nous indique que la majorité de notre clientèle n’a pas résolu cette première phase importante de la vie d’adulte *le déracinement*. Nous sommes d’avis comme plusieurs spécialistes en violence conjugale que le passé de l’individu ne justifiera jamais quelques formes de violence que ce soit. Toutefois, nous sommes enclins à penser que le travail thérapeutique à exercer doit se faire à partir de la non-résolution de cette première étape cruciale « d’une vie à deux ».

Par « déracinement », nous faisons allusion aux travaux de Gail Sheeny « Passages » qui, poursuivant les travaux d’Érikson, mais cette fois, sur les étapes du développement de l’adulte qu’elle qualifie de crise, identifie les 5 phases majeures de tout adulte qui, si bien résolues deviennent des passages.

Cette période (déracinement 18-22 ans) correspond au moment où l’individu quitte ses parents et commence à vivre son indépendance financière, émotive et sociale. Le jeune adulte vit alors de nombreuses craintes et inaptitudes mais garde souvent une façade de confiance en prenant ouvertement des risques. Il s’agit d’une crise d’identité importante et ceux qui ne réussissent pas à quitter leur famille d’origine pour se retrouver comme individus indépendants, devront, de toute façon, le faire plus tard. Comme Érikson, Sheeny affirme que chaque crise doit être résolue. Si elle est évitée, elle surgira plus tard à un moment où les décisions seront plus difficiles à prendre.

Se référant aux grandes caractéristiques ou profil du conjoint violent (voir annexe I), nous ne pouvons faire abstraction de cette dynamique mal résolue. C’est pourquoi, nous sommes en mesure de faire un parallèle avec cette étape cruciale du déracinement et ce conflit initial qui sont souvent répertoriés en violence conjugale dès la première relation de couple. Ce schème de référence induira de nombreuses interventions cliniques lors de la période de la prise de conscience pour l’homme et de son fonctionnement en relation de couple.

EN AIDANT UN HOMME VIOLENT IL FAUT AVOIR DES OBJECTIFS SPÉCIFIQUES
a) Responsabiliser l’homme agresseur sur ses gestes, attitudes et propos en cessant toutes formes de violence grâce à son implication rapide et soutenue durant toute la durée de la thérapie.
b) Lui assurer un encadrement de support clinique afin de le centrer constamment sur sa personne et non plus sur sa conjointe et/ou ses enfants (re : cycle, escalade, prise de conscience de sa violence vers la découverte des signes précurseurs et éventuellement de nouveaux moyens.)
c) Voir à sensibiliser, stabiliser et maintenir des comportements acceptables à l’aide d’un milieu thérapeutique conforme aux besoins appréhendés : (ex : groupe thérapie, counselling individuel, structure de confidences et de dialogues, visites supervisées avec conjointe et/ou enfant si jugé(e) pertinent).
d) Favoriser et supporter chez la personne un cheminement qui l’amènera à prendre ses propres décisions pour l’après-thérapie.
e) L’aider à « lâcher prise » et arrêter le contrôle sur l’autre en se responsabilisant et en « reconquérant » sa propre trajectoire de vie.
f) L’intégrer dans un contexte de « milieu-thérapie » afin de lui permettre de transiger avec d’autres, portant le même problème, et l’inciter à être lui aussi aidant pour les autres participants.
g) Tenter de prévenir d’autres situations de crise dramatique et éviter des récidives malheureuses durant cette période cruciale (dénonciation ou suite à l’arrestation).
h) Profiter de ce temps d’arrêt pour l’éduquer, le sensibiliser sur l’escalade d’agirs violents et le conscientiser sur l’exercice abusif du contrôle de l’autre et l’utilisation des enfants (réflexes souvent agis même si non prémédités.)
i) Expérimenter une mesure novatrice en violence conjugale, axée sur l’intervention de crise auprès du conjoint violent dans un contexte de thérapie intensive et de milieu-thérapie.
j) Réaliser une recherche évaluative portant sur l’efficacité du programme et sur l’impact d’une telle mesure.

Notre approche d’intervention auprès des conjoints violents s’appuie sur les principaux éléments suivants :
a) La violence conjugale (psychologique, économique, verbale, physique, sexuelle) se retrouve dans toutes les classes sociales et économiques. Cette violence est maintenue et favorisée par un code social et économique, par des valeurs et par des attitudes patriarcales et sexistes. C’est à partir de ces éléments que l’agresseur exerce son pouvoir et justifie son contrôle. D’autre part, cette réalité psychosociale tend à maintenir la femme violentée sous le joug de son conjoint. La violence conjugale est un problème social, mais c’est surtout une responsabilité individuelle à assumer pour chaque personne.
b) La violence conjugale est inacceptable et criminelle
c) La violence conjugale n’est pas une maladie
d) L’homme choisit la violence parmi d’autres moyens ou options qui lui sont ou pourraient lui être accessibles, et ce, dans le but de contrôler et de dominer sa conjointe. C’est un mode appris de relation et de résolution de problème par le contrôle de l’autre. Alors on ne peut parler de « perte de contrôle ».
e) L’homme violent est une personne responsable. Il est donc responsable de ses gestes et de ses comportements violents, de même que du changement de ses comportements, valeurs et attitudes. Toutes les stratégies d’intervention doivent être conséquentes avec le principe de responsabilité et favoriser l’autonomie du client.

Le monde de la perception
Tout thérapeute de groupe est en mesure de constater à quel point « l’homme violent se raconte des histoires et vient qu’à y croire. » En effet, nous observons que l’individu s’est construit une série de scénarios (convictions) qui lui permet de se déculpabiliser, suite au passage à l’acte destructeur. Afin de bien comprendre cette dimension majeure, observons ce mécanisme à partir d’un exemple précis :

« Robinson en est à sa 2e présence en thérapie de groupe. Appelé à expliquer comment il en est arrivé à frapper sa conjointe, il exprimera au groupe : « Je suis arrivé en retard à la maison, j’ai été débordé au travail. Je n’ai pas appelé mon épouse parce que je sais qu’elle aurait chialé, c’aurait été toute une histoire. Alors, j’entre à la maison, elle est déjà pas de bonne humeur, la petite braille, le souper n’est pas prêt. Alors, le ton monte, on se chicane verbalement, je décide de retourner chez ma sœur. Elle court après moi jusqu’en bas de l’escalier, m’agrippe par les vêtements et là je lui donne un gifle. C’est elle qui a couru après moi, elle est venue me chercher en bas de l’escaler. Il dira plus tard, « je sais que je suis responsable de l’avoir frappée, mais elle a couru après. »

Sans tomber dans une analyse clinique détaillée, pour ce qui nous intéresse ici, analysons quelques éléments importants.

Robinson se convainc (sa conviction devient une attitude) de son retard et essaie de nous convaincre que sa perception est juste, et qu’il ne peut se permettre d’aviser son épouse de son retard (cela devient le comportement qui suit l’attitude). Il construit un nouveau scénario à partir d’expériences passées non-réussies et blâme ainsi sa partenaire.

Nous pouvons aussi faire l’hypothèse qu’il a omis quelques détails quand aux événements qui l’ont amené à gifler son épouse. Toutefois, ce qui importe est de démontrer qu’il s’est forgé une histoire avant d’entrer à la maison, qu’il a été frustré d’entendre la petite « brailler » et de constater que le souper n’était pas prêt. La réalité est qu’il a giflé son épouse. Sa perception demeure qu’elle est venue au-devant de lui pour se faire gifler, car dira-t-il, plus tard : « Elle le savait que je me défendrais. »

Cette dimension omniprésente chez les hommes agresseurs provient de ce que l’on appelle la « dissonance cognitive ». L’homme est incapable de répondre à ses attentes et demeure démuni, agissant des comportements impulsifs et non-réfléchis. Il n’a en fait jamais résolu et équilibre nécessaire afin d’affronter tous les éléments de la réalité.

Évidemment, cette dissonance cognitive n’est pas exclusive à l’homme agresseur. L’humain a souvent tendance à interpréter ou biaiser la réalité. L’enjeu, quelqu’il soit, est de tirer davantage de cette interprétation. « Nous ne voyons pas la réalité ».

Tout cela nous amène à envisager une étape importante ultérieure en thérapie : la communication. Cependant, avant d’aborder cette phase « classique », nos devons absolument faire prendre conscience à l’homme agresseur, qu’en plus de faire une fausse lecture du réel, il s’est façonné une image personnelle de sa propre réalité. C’est ce qui explique pour l’homme agresseur, qu’il ne sera jamais violent avant qu’on lui dise, avant qu’on l’arrête, avant qu’il soit menacé, avant qu’il soit en réel déséquilibre.

Enfin, nous savons que la communication sera impossible à réaliser si les parties ne relèvent pas leurs perceptions respectives et ne sont pas assez flexibles pour s’adapter en vue de partager une réalité plus riche. La communication on le sait, demeurera une parodie tant que l’homme agresseur se contentera d’interpréter, de combattre les opinions de l’autre et de « lire entre les lignes » sans véritablement confronter sa lecture à celle de l’autre, (conjointe ou autres personnes).

jeudi 6 octobre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 56e partie

La Presse,
Dimanche, 7 août 2005

Ces hommes victimes de violence

Mercure, Philippe

546 000 hommes victimes de violence conjugale au pays. Statistique Canada a récemment dévoilé des chiffres qui sont venus déboulonner un mythe : celui voulant que, dans un couple, c’est toujours monsieur qui agresse madame. Taboue, voire visible, la violence faite aux hommes n’est pas prise au sérieux. Résultat : si les ressources pour les femmes violentées et les hommes violents abondent, l’inverse n’est pas vrai. Portrait d’une réalité aux multiples visages.

‘Quand les policiers ont débarqué, j’étais en train d’étudier tranquillement. Ils ne m’ont jamais demandé ma version des faits, ils m’ont menotté et amené au poste. Ça a été un grand choc pour moi.’

Harcèlement, chantage, mensonges, insultes. Par peur de briser sa famille, Missillyo, 29 ans, a enduré l’enfer. Jusqu’en juin dernier, lorsque les policiers, au lieu de lui passer les menottes, l’ont reconduit chez un ami avec sa valise. Ils avaient enfin compris que l’homme n’était pas violent : c’est plutôt sa femme qui le harcelait.

Forcé de quitter sa maison, sa femme et sa petite fille de 3 ans, l’étudiant en pétrochimie a finalement trouvé refuge à la Maison Oxygène, où il tente de réorganiser sa vie. Attaché à la cuisine communautaire de l’établissement, il a accepté de raconter son histoire à la Presse.

‘Déjà, en Afrique, ma femme avait des comportements inadéquats. Elle m’insultait, insultait ma famille. Des choses que tu ne veux pas entendre, qui me blessaient beaucoup.’ En s’installant à Montréal en 2003 avec sa femme et sa fille, Missillyo espérait que les choses changeraient. En vain. Son épouse, raconte-t-il, rentrait à des heures impossibles, négligeait son enfant, fréquentait d’autres hommes.

C’est lors d’une soirée où Missillyo insiste pour avoir des explications que sa femme appelle la police pour la première fois. En voyant son mari menotté et emmené par les policiers, elle comprend tout le pouvoir qu’elle a au bout des doigts. ‘Je ne peux même pas compter le temps que je me méfie d’elle.’

La situation durera plus d’Un an. ‘Je me sentais responsable de ma femme et de ma fille, je ne voulais pas partir’, explique le jeune homme. Et les réseaux d’aide? ‘Je ne savais même pas qu’il y avait des recours.’

La Maison Oxygène est le seul centre au Québec qui héberge les hommes en difficulté conjugale et leurs enfants. Capacité d’accueil : sept pères, avec ou sans enfants. Nombre d’hommes victimes de violence conjugale au pays, selon un rapport de Statistique Canada publié à la mi-juillet 546 000.

Yvon Lemay, coordonnateur de la maison, affirme qu’il refuse jusqu’à deux pères par jours depuis la douzaine d’années qu’il travaille à l’organisme.

« C’est un peu plate quand des travailleurs sociaux t’appellent et te disent qu’ils ont un père avec un enfant dans la détresse la plus totale qui ne sait pas où aller, et que la seule chose qu’on peut lui dire c’est : Ben, on n’a pas de place, alors vas-y mon gars, ne te suicide pas et bonne chance », dénonce-t-il.

Au cours des cinq dernières années, 6% des Canadiens qui avaient déjà été mariés ou avaient vécu en union libre on été victimes de violence conjugale; presque autant que les femmes, chez qui le taux s’élève à 7%.

Cette violence est souvent psychologique.

« On voit beaucoup de dénigrement, de harcèlement », explique Yvon Lemay. Mais il arrive aussi que les partenaires passent de la parole aux actes. Et là, la violence a un sexe. Selon Statistique Canada, les hommes se font plus souvent mordre, gifler ou frapper par leur partenaire que les femmes. Ils sont aussi plus nombreux à encaisser des coups de pied et à se faire lancer des objets (voir encadré).

Les victimes féminines restent cependant deux fois plus nombreuses que les victimes masculines à subir des blessures durant les disputes conjugales, trois fois plus susceptibles de craindre pour leur vie et deux fois plus susceptibles d’être victimes de plus de 10 épisodes violents.

Ceux qui connaissent ce secteur, eux, jurent avoir vu des hommes dans un piètre état.

« J’ai vu des fourchettes plantées dans des cuisses, des yeux au beurre noir. Un jour, un gars de 5 pieds 2 pouces bâti comme une armoire est arrivé ici tout égratigné, en sang. Il s’était littéralement fait déchirer son linge sur le dos », raconte Yvon Lemay.

« Les femmes compensent leur différence de force musculaire car, en moyenne, il existe une différence de force musculaire en utilisant des objets. Vaisselle, couteau, tasse de café, rouleau à pâtisserie. J’ai même déjà vu un homme avec l’empreinte d’un fer à repasser sur le ventre », raconte Yvon Dallaire, psychologue et auteur du livre La violence faite aux hommes. Une réalité taboue et complexe.

Selon Yvon Lemay, il faut aussi arrêter de croire que la violence sexuelle n’est que le lot des femmes.

« Des gars qui, par manque de confiance en eux, vont accepter de se laisser faire des choses par une femme pour ne pas la perdre, ça existe probablement beaucoup plus souvent qu’on pense », croit-il.

C’est que les hommes sont plus portés à cacher la violence dont ils sont victimes que de l’étaler au grand jour. » Demander de l’aide est très difficile pour un homme. C’est un aveu d’impuissance. Et les mots impuissance et gars, ça ne va pas très bien ensemble », dit Yvon Lemay.

« Quand on parle d’hommes battus, on trouve ça risible. On est encore porté à croire que l’homme, parce qu’il est plus gros, est plus méchant, et que la femme, parce qu’elle paraît plus fragile, est une victime », croit quant à lui Yvon Dallaire.

Une attitude que connaissent bien les résidants de la Maison Oxygène. » Les gens trouvent ça drôle, c’est sûr. À l’école, les gens me demandent : Tu retournes dans ta maison d’hommes battus? » dit Missillyo.

Le tabou, par contre, ne frappe pas que les victimes.

« C’est tellement honteux, c’est tellement difficile pour les femmes d’admettre qu’elles font des choses comme ça. Ce n’est tellement pas beau! Ce qui est valorisé chez une femme, c’est l’image de la douceur. C’est pour ça que c’est si difficile. »

Marise Bouchard est psychothérapeute. À la Maison de la famille de Québec, elle donne un atelier intitulé La femme et son agressivité. Une agressivité qu’elle connaît bien : elle-même a agressé ses partenaires lorsqu’elle était plus jeune, allant même jusqu’à menacer son conjoint de l’époque avec un couteau alors qu’elle n’avait pas encore 20 ans.

« À un moment donné, je me suis rendu compte qu’il y avait quelque chose qui ne marchait pas avec moi. Et je ne voulais pas passer ça sur le dos des autres. » Armée de livres de psychologie populaire, Mme Bouchard a alors entrepris un long travail sur elle-même. » J’ai travaillé pendant 15 ans toute seule de mon bord », confie-t-elle.

Si Marise Bouchard a réussi à maîtriser seule sa violence, ce n’est pas le cas de Sylvie Turgeon.

« Sans les groupes d’entraide, j’aurais tué quelqu’un. C’est très clair dans ma tête, tôt ou tard j’aurais tué quelqu’un. C’est comme traversé un boulevard les yeux fermés : tu ne peux pas toujours être chanceuse. »

« Quand je buvais, la paranoïa s’emparait de moi. La jalousie, raconte-elle. Je faisais des crises, j’ai battu des gens, j’ai sauté sur eux. Il y en que j’ai presque heurtés en voiture, j’ai brisé leurs objets. Des choses terribles. »

Dans son cas comme dans la plupart des autres, croit-elle, des problèmes d’alcool et de drogues étaient étroitement mêlés à celui de la violence. Une affirmation qui trouve écho dans les données de Statistique Canada : les personnes dont le partenaire est un grand buveur, au moins cinq consommations plus de cinq fois par mois – risquent six fois plus d’être victime de violence que les autres.

« La dernière fois, je faisais des plans pour tuer mon conjoint. Là, j’ai eu peur. Je suis allé dans un centre de crise et je leur ai dit : Si vous ne faites pas quelque chose, il va y avoir un meurtre dans le journal. »

Cette violence des femmes, Marie-Andrée Bertrand aussi la connaît bien. La criminologue a écrit un livre, Les femmes et la criminalité, où elle dévoile des chiffres troublants. En 1976, les femmes étaient accusées d’un crime sur 10. Un quart de siècle plus tard, cette proportion a presque doublé. Bref, si la criminalité en général diminue, les femmes, elles, commettent plus de crimes qu’avant. Et ces crimes sont plus violents que par le passé.

Mais la réalité de la violence conjugale envers les hommes est si peu ancrée dans les mentalités que même la grande spécialiste s’est laissée prendre. L’année dernière, Mme Bertrand a pris connaissance de chiffres montrant la parité des plaintes de violence conjugale envers les hommes et les femmes.

« Je n’y ai pas cru. J’ai même contredit publiquement une étudiante qui avait présenté ces chiffres lors d’une réunion scientifique. J’ai été obligée d’aller aux sources et de faire mon meaculpa », avoue-t-elle, tout en tenant à préciser que les conséquences de la violence demeurent plus importantes chez les victimes féminines que masculines.

Selon la criminologue, les hommes dénoncent plus la violence conjugale qu’auparavant, car « la fragilité est maintenant avouable. Et parfois, ça paye de se déclarer victime », souligne-t-elle en mentionnant les avantages juridiques ou financiers de la dénonciation. » de la part des hommes, c’est un grand progrès. Car nier cette violence, c’est risquer de rester dans la même situation, et cela cause des dommages considérables. »

LA VICTIME EST….

Menacée ou se fait lancer un Objet :

Hommes : 15%
Femmes : 11%

Poussée, bousculée, giflée

Hommes : 34%
Femmes : 10%

Battue, étranglée, menacée avec une arme à feu ou un couteau

Hommes : 15%
Femmes : 23%

Agressée sexuellement

Hommes : trop peu fiable pour être publié
Femmes : 16%

Source : Statistique Canada

LA FORME DE LA VIOLENCE CONJUGALE A UN SEXE

Alors que les hommes encaissent des coups de poing, se font mordre ou lancer des objets, la violence dirigée vers les femmes demeure plus grave. Mais peu importe comment elle se manifeste, la violence physique est presque toujours accompagnée de violence psychologique : c’est le cas pour 99% des femmes victimes et 98% des hommes.

Illustration(s) :
Gravel, Michel
La Maison Oxygène, où Missillyo a trouvé refuge, peut recevoir sept pères, avec ou sans leurs enfants. En raison du manque de place, le coordonnateur de la maison rejette deux demandes d’accueil par jour. Selon un rapport de Statistique Canada, le nombre d’hommes victimes de violence conjugale au pays s’élève à 546 000.

dimanche 2 octobre 2011

VIOLENCE FAMILIALE 54e partie

Dans les chapitres précédents, l'on a vu le drame de la femme battue et ses conséquences sur la famille. Voyons maintenant celui des hommes battus sous la férule des femmes (Revue de Presse).



L'ombre du passé plane souvent sur la plupart des crises d'un couple. Le
souvenir d'un père violent, d'une mère violente ou alcoolique, d'un épisode vécu
dans l'enfance, que la conscience a enterré mais qui imprègne
l'inconscient, constituent le poids du passé. Lorsque certains
comportements se répètent et mettent en danger la survie du couple, il faut se
tourner vers le passé pour interpréter le présent.



Lorsque la femme est contrôlante, la plupart des conjoints s'écrasent devant elle : ils en perdent leur personnalité, à moins de réagir.

Certaines dynamiques de couple peuvent vous refiler la migraine, tellement elles sont complexes ! Dans ces cas, c'est bien souvent le mariage des deux personnalités qui se fait difficilement.

Toutefois, l'amour qui chapeaute la relation se veut si fort que les partenaires sont prêts à tout, ou presque, pour faire durer l'union. Un idéal de vie de couple doit se bâtir à deux, mais il arrive, parfois, qu'un seul membre en soit l'instigateur, ou l'instigatrice, dans le cas des femmes contrôlantes... Que deviennent alors les partenaires ?
Types de personnes contrôlantes
Les personnalités, au sens général et non telles que définies par les manuels de psychologie, nous informent quant à la nature propre de l'individu. Par contre, il est souvent difficile de reconnaître la personnalité de quelqu'un avant d'avoir vécu, voyagé ou traversé une épreuve avec lui (ou elle), car le quotidien permet à plusieurs de ne montrer qu'une seule facette de leur personnalité.
Camoufler les zones d'ombre peut s'avérer facile si on est de nature joviale ou expressive, par exemple !
De façon générale, les personnes contrôlantes le sont depuis leur tendre enfance. Le développement de stratégies de survie se fait pour chaque individu, selon le cheminement de vie dans lequel il s'est aventuré (ou dans lequel on l'a plongé.
Toutefois, il arrive, aussi, que la personne développe son " côté contrôlant " une fois rendue à l'âge adulte. La notion de pouvoir, drôlement prônée dans la société, en pousse plus d'un à développer un plan de vie autour de cet aspect, en laissant aux autres le choix : tu suis ou tu fonces !

Unanimement, ou presque, on peut s'entendre pour dire que l'origine du besoin de contrôler se vit à travers l'insécurité. L'anxiété pousse les femmes à vouloir contrôler leur environnement ou les gens, car elles sont alimentées par de nombreuses peurs.
Prendre le contrôle, pour elles, signifie alors que les choses seront faites selon leurs critères (donc bien faites, à leurs yeux, naturellement) et cela sera rassurant, pour elles. De plus, la femme anxieuse trouvera un réconfort et une valorisation en contrôlant, car elle a l'impression que c'est grâce à elle que tout fonctionne rondement.

La femme poule est celle qui contrôlera en surprotégeant ses petits ou, même, son conjoint. Elle se fait la gestionnaire de la maisonnée tout entière et associe étroitement le fait de «prendre soin» et d'aimer. Pour elle, l'un ne va pas sans l'autre. Par contre, dans le détour, elle oublie que les membres de sa famille ont une personnalité et des besoins différents des siens. On a souvent le goût de lui dire : «Laisse-moi vivre ma vie à ma manière !»

La dominatrice est certainement la plus redoutable des femmes contrôlantes puisqu'elle commande tout. Dès l'instant où les choses ne se passent pas à sa manière, ce n'est pas bon, et cela déclenche, en elle, une rafale d'émotions, qu'elle fait irrémédiablement subir à son entourage. Elle usera alors de culpabilisation et de manipulation pour parvenir à ses fins et, finalement, obtenir ce qu'elle veut.

La femme qui a besoin que tout soit parfait endosse souvent le rôle de la superwoman aux yeux des autres. Elle est redoutable, elle aussi, car elle utilise la ruse pour parvenir à ses fins. Elle préfère tout faire elle-même, car elle se sent constamment insatisfaite lorsque les autres accomplissent des tâches.

Elle régente ce que les autres doivent porter, comment ils doivent travailler et comment ils doivent se comporter... Elle n'accepte pas que son conjoint s'occupe des enfants, car il ne le fera pas bien (selon elle, évidemment).

Bref, il est possible qu'une femme contrôlante possède tous ces traits de caractère en même temps, ce qui fera d'elle une partenaire de vie plutôt impossible...
Les conjoints s'écrasent
Malheureusement, lorsque la femme est contrôlante, la plupart des conjoints s'écrasent devant elle : ils en perdent leur personnalité, à moins de réagir. S'il s'unit à elle et se laisse faire, elle choisira maintenant ses amis, décidera de ce qu'ils achèteront (et ce, même si son pouvoir d'achat personnel à elle est inexistant), influencera sa manière d'être avec les gens qui les entourent... bref, rien de très sain, à long terme.

Toutefois, bonne nouvelle ! Les couples qui savent reconnaître ce type de dynamique peuvent prendre des moyens (en thérapie) pour faire changer les choses. Madame s'occupera de comprendre les raisons de son besoin de contrôle et modifiera les manques personnels à combler, et Monsieur comprendra les raisons qui l'ont poussé à choisir ce type de femme ; il adoptera des stratégies pour augmenter sa confiance et son estime de lui afin de ne plus se laisser contrôler par qui que ce soit.


JULIE PELLETIER
29/05/2011 09h24
Journal de Montréal