dimanche 30 décembre 2007

VOYAGE D'EUROPE 3e partie




VIRAGE AMBULATOIRE


AUX PETITS SOINS A DOMICILE

L’institution biomédicale est en déclin en ce qui a trait à la « gestion » des événements normaux de l’existence que sont la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort

Johanne Tremblay

Eddy Pierre

Intervenants psycho-socio-culturels et chercheurs en développement social au Groupe ISA


Les changements opérés actuellement dans les services de santé définissent un nouveau partage des responsabilités entre les citoyens et l’État. La stratégie adoptée par l’État pour rendre effectif ce nouveau partage est celle de ramener à la maison les événements du cycle de vie ce sont la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort, en écourtant le séjour a l’hôpital. Toutefois, la population québécoise se retrouve à l’égard de ces changements face à ce vide social, culturel et technique dans son rapport à ces événements. Il y a vide parce que, depuis près de 50 ans, la population québécoise est totalement prise en charge par le milieu hospitalier lorsqu’elle doit vivre ces événements du cycle de vie.

Aujourd’hui, l’État fait appel à la famille pour prendre soin de ses membres lorsqu’ils sont malades, naissent, vieillissent et meurent. Cependant, la médicalisation des conduites à l’égard de ces événements a été fondée exclusivement, jusqu'à maintenant, sur la responsabilisation individuelle. A cette contradiction se superpose l’appropriation des familles de leur art de donner les sens à la maison. Cette perte de savoir est un effet produit par le processus historique de médicalisation des événements du cycle de vie, tel qu’il a été mené au Québec. Les soins à domicile représentent une occasion formidable de réappropriation par les familles de leur savoir faire propre à ces événements. Cette réappropriation peut permettre de reconsolider les liens familiaux, comme elle peut permettre aussi de mettre en place les conditions de production d’une sécurité socio-affective plus grande et plus forte chez les Québécois.

ETHIQUE SOCIALE ET POLITIQUE

Naître, grandir, vieillir, être malade et mourir sont des événements privilégiés pour intégrer une personne au sein de son groupe familial et social. Dans la société québécoise, ces événements ont perdu leur potentialité intégratrice des personnes au sein de leur groupe familial et social. « Lorsque le Québec a médicalisé ces événements, il a oublié qu’il est nécessaire a une société de les ritualiser, voire de les théâtraliser. Des événements tels que la naissance, la croissance, la maladie, la vieillesse et la mort permettent aux acteurs de rejouer, pour eux-mêmes et leur société, des mythes fondateurs qui les projettent vers des temps souffrant, aimant, jouissant, libérant, mourant. Et ce théâtre est au fondement des relations sociales signifiantes. Toutefois, au nom du biologique, la médecine moderne s’est dissociée du fonctionnement des relations sociales et symboliques qui sont en jeu dans ces événements. Les effets d’une telle exclusion, dans la pratique historique de médicalisation, sont aujourd’hui plus facilement repérables. L’appauvrissement socio-symbolique du Québec est intimement lié a sa façon de traiter ces événements de marquage du temps ». Le « virage ambulatoire » nous conduit à la question de l’éthique pour interroger notre usage social des technologies biomédicales performantes. En effet, il peut y avoir une multitude de façons d’utiliser et de dire les technologies, et une société, au moment où elle repense ses politiques, doit se demander comment elle veut construire les discours et les pratiqués pour servir la vie sociale qu’elle désire. Nous oublions trop facilement que nos institutions sont des constructions historiques, sociales et politiques. Les systèmes sociaux que l’on met en place, à une époque donnée, permettent à une forme particulière de relation savoir-pouvoir de s’institutionnaliser et de s’exercer comme autorité. Notre société a donné une place d’autorité au savoir médical qui, au fil du temps, s’est imposé dans la gouverne de nos conduites et de nos conceptions face à la vie, la maladie, la vieillesse et la mort. Nous vivons présentement une période historique particulièrement marquée par la déclinaison des profils de nos systèmes sociaux, mis en place depuis les années 40. Toute période de déclin des institutions ouvre la voie à la création de nouvelles formes de discours et de pratiques. Pour profiter pleinement de cette occasion d’ouverture, nous devons, avec plus de puissance, nous poser la question de l’éthique dans le développement social et politique de notre société. Le « virage ambulatoire » révèle le déclin de l’institution biomédicale et nous donne la possibilité d’évaluer nos façons de dire et de faire ce changement en rapport au mode d’existence qu’elles impliquent.

POUVOIR ET SAVOIR BIOMEDICAUX

La prise en charge élabore historiquement par l’institution biomédicale des événements du cycle de vie est un fait culturel total. Elle a circonscrit et codifie l’ensemble des pratiques culturelles liées à ces événements. Une pratique culturelle médicalisée signifie que la mise en scène de ces événements est régie par un pouvoir et un savoir biomédicaux. Une pratique culturelle concerne une façon particulière de percevoir, de parler et de faire un usage social de la naissance, par exemple. Au fil du temps, le schéma perceptif a été pénétré, le langage modelé, les techniques choisies, les valeurs normalisées, la hiérarchie des pratiques ordonnés, les échanges déterminés, les stratégies d’action organisées suivant le registre d’interprétation et d’intervention de la médecine, et suivant aussi les espaces institutionnels (hôpital, CLSC, clinique privée, etc.) dans lesquels la codification biomédicale des conduites s’est définie.

Le « virage ambulatoire » est un projet de développement de notre société qui ne peut être pensé qu’à l’intérieur des transformations sociales et culturelles qu’il induit. C’est plus qu’une simple redistribution des soins, c’est un projet social et culturel qui ne peut fonder sa réussite que sur la transformation des pratiques individuelles, conjugales, familiales et de voisinage (les alliés par amitié, par partenariat, par amour…) à l’égard des événements du cycle de vie. Le « virage ambulatoire » pourrait être vécu socialement de façon positive si on s’en servait pour renforcer l’autonomie, le pouvoir et le savoir des familles et revitaliser les échanges lorsque l’un de ses membres naît, est malade, vieillit ou meurt. Un tel contexte sociopolitique qui poserait les conditions de possibilité d’une réappropriation par les familles de ses événements de vie permettrait enfin de nous interroger sur notre façon d’user socialement des technologies biomédicales, et ceci, en rapport au mode d’existence que nous désirons pour nous-mêmes et nos enfants.

samedi 8 décembre 2007

SOMMAIRE D'EXPÉRIENCE

Spécialisé dans les problématiques de développement liées à la santé mentale, aux groupes ethniques, à l’éducation, à la migration. Ses expériences vécues sur le terrain au Mexique, au Maroc, au Vénézuela dans un projet 213 Del PROGRAMA de la Oficina De Deserrallo Regional de la Organizacion de los estados Americanos en cooperacion con el Gobierno De Venezuela y la universidad de los Andes. Ses expériences se poursuivent au Guatemala, au Zaïre, la Côte d’Ivoire, en Haïti, en France et ses voyages en Europe lui ont permis de parfaire ses connaissances de diverses cultures représentées au Québec.

Intervient comme chercheur, professeur, planificateur et évaluateur de projets autant au niveau international que québécois. A développé des outils d’analyse permettant d’évaluer l’impact des projets de développement en santé mentale et en éducation sur les pratiques des groupes ethniques, ainsi que des outils permettant aux intervenants d’évaluer leurs interventions sur le terrain. A acquis plusieurs années d’expérience dans les domaines de la recherche, de la consultation, de l’organisation, de l’intervention, de l’enseignement et de la formation.

Parmi ses forces on peut compter :
Au niveau du développement international, la formation des coopérants, la conceptualisation et le renouvellement des stratégies d’intervention.
Au niveau des relations multiethniques, la résolution des tensions dans les relations interethniques en milieu scolaire, la formation des enseignants pour favoriser le développement d’un point de vue ethnoculturel et critique sur leur propre culture et fournir un ensemble de repères pour la compréhension de la culture des différents groupes ethniques.
Au niveau du secteur de la santé mentale, le développement d’une compréhension de la culture médicale des immigrants qui peut être différente de celle des québécois, ainsi que le développement d’une compréhension des explications causales des maladies que peuvent formuler les immigrants.
Le renouvellement de l’éthique appliquée dans le développement international et national à l’usage et au transfert des technologies biomédicales.

LITTÉRATURE

À PARAÎTRE
Dieux
Vodou
Guérissez-moi
Et Donnez-moi
le Salut
Par Pierre Eddy Constant
La Rencontre
du Maître et de l'athée (Roman)
Par Pierre Eddy Constant
L'Angoisse du Gardien de Prison
Gangs et Marginalisation
**
DÉJÀ PARUS
Le Salut dans le Vodou
Thèse de doctorat de l'auteur
Education et Pouvoir
dans les pays dépendants
Comment comprendre le burn-out en milieu carcéral

vendredi 30 novembre 2007

DU CONCEPT DE CLASSE SOCIALE


Dans la plupart des théories sociologiques, il est admis que la société contemporaine est caractérisée par des différences et/ou des inégalités. Ainsi, peut-on parler d’une certaine unanimité quant au principe de l’existence des classes sociales. Cependant de grandes divergences opposent les sociologues.

Elles se manifestent, principalement, à trois niveaux :

-d’abord au niveau de l’acception même du concept de classe : suivant leur orientation théorique, les auteurs tendent à privilégier le culturel ou l’économique, le psychologique, le social ou le politique;

-ensuite, au niveau de l’importance des classes en tant que réalité sociale : nombre de penseurs les considèrent comme un phénomène secondaire -voire isolé- alors que d’autres y voient l’armature même de la société;

-enfin, au niveau de la nature des rapports liant les différentes classes : les dits rapports sont conçus en termes ou bien de conflits sérieux, sinon antagoniques, ou bien d’alternance et/ou de concomitance d’une harmonie quasi-totale et de conflits mineurs(1) ou bien d’harmonie totale(2).

Après une revue de ces trois types de divergences, nous tenterons d’élaborer un cadre d’analyse.

I- L’ESSENTIEL DES THEORIES SE RAPPORTANT
AUX CLASSES SOCIALES


Que ce soit sur le plan de l’importance des classes, de leur définition, de leur structure et de leur interaction, les théories sociologiques se ramènent généralement à deux catégories : le fonctionnalisme et le matérialisme historique.

A. De l’importance des classes sociales

Commençons par le fonctionnalisme. Nombreux sont les théoriciens qui postulent la nécessité fonctionnelle des classes. C’est notamment le cas de Davis et Moore(3). Pour eux, les classes sociales qui se caractérisent par leur éternité et leur ubiquité(4) reviennent en fin de compte à une différence de statut entre individus; et cette différence n’a pas plus de poids dans la balance sociale que les intérêts complémentaires communs auxdits individus; du reste, c’est le mérite personnel de chacun qui détermine sa place dans la hiérarchie sociale.

En revanche, les tenants du matérialisme historique considèrent que les classes sont intimement liées à la propriété des moyens de production et, à ce titre, constituent une catégorie historique découlant de l’évolution de la société, de l’état, des forces productives(5). Pour ces théoriciens, les classes sociales sont dynamiques; car, non seulement elles n’ont pas toujours existé, mais encore elles sont, au fil des temps, objet de modification, de développement et de remplacement(6). Plus : elles sont appelées à disparaître(7). Dans la théorie du matérialisme historique, les classes sont un des éléments essentiels de la structure sociale puisqu’elles constituent l’expression immédiate des rapports sociaux de production d’une société à une époque donnée. La combinaison de ces rapports avec les moyens de production constitue le mode de production.

Le mode de production capitaliste(8) présente les caractéristiques spécifiques suivantes :

-Premièrement, une unité dialectique entre celui qui possède les moyens de production et celui qui en est dépourvu(9). Le propriétaire des moyens de production est contraint d’engager des travailleurs pour la mise en œuvre du processus productif. Le travailleur, de son côté, pour faire face à ses besoins, doit vendre à celui-là sa force de travail.

-Deuxièmement, la force de travail est devenue une marchandise(10).

-Troisièmement : « Le Capital » doit produire « essentiellement du capital »(11). D’où la nécessité d’obtenir un profit(12). Profit réalisable à partir de la plus-value est, la plupart du temps, maximisée grâce à la prolongation de la durée du travail; à l’accélération de la cadence du travail; à l’augmentation de la productivité du travail(14).

B. De la définition des classes sociales

Il est clair que la façon d’aborder la division de la société en classes varie d’une catégorie de penseurs à l’autre. Cette divergence s’accentue quand on pénètre sur le terrain de la définition du concept de classe sociale. Aussi, même entre auteurs de même appartenance théorique, manque-t-il de consensus.

C’est le cas principalement pour les sociologues non marxistes(15). En effet, de Weber à Coser and Rosenberg en passant par Lipset and Zetterberg, Reissman, Kriesberg, Laroque, etc(16), les principaux critères retenus peuvent être, indifféremment, le genre de vie ou la profession, l’instruction ou la richesse, le prestige ou l’hérédité, les valeurs ou le pouvoir… La proposition de Mack and Pease selon laquelle les critères de classes sont vagues et changeants(17) constitue-t-elle une circonstance atténuante à ce manque de consensus entre les auteurs?

Dans tous les cas, cette diversification n’est-elle pas, à posteriori, une garantie de cohérence théorique?

D’après Gurvitch, elle constitue, au contraire, un obstacle à l’avancement de la théorie des classes sociales(18). Cet obstacle ne viendrait-il pas en premier lieu du fait de la confusion par beaucoup de sociologues, entre classes (« éléments d’un système de contradiction » ou groupes déterminés par leur place dans le procès de production ») et strate ou couche (« ensemble des individus comparables du point de vue d’un ou plusieurs critères de classement »)?
Telle que relevée ici par Alain Touraine(19), une telle confusion est néanmoins absente chez les tenants du matérialisme historique.

Gurvitch dira qu’ils « ont donné des définitions variées et nuancées des classes sociales tout en se soumettant réciproquement à des critiques souvent justifiées »(20). Mais, à la suite de Marx, ils privilégient, tous, un critère unique : les rapports avec la propriété des moyens de production.

Il est généralement admis que le concept de classe, peu importe le facteur privilégié dans sa définition, doit beaucoup à Marx. En effet, tout en ne prétendant pas avoir inventé ledit concept, Marx affirme avoir contribué à la compréhension des rapports entre les classes(21). Cependant, bien qu’il ait à plusieurs reprises parlé du mot classe, Marx n’en a jamais donné une définition formelle
-Apparemment, il allait le faire dans le dernier chapître du Capital quand la mort le surprit(22). Il reste cependant qu’une définition (ou même des définitions) des classes sociales apparaît en filigrane dans plusieurs de ses écrits(23). Mais la définition la plus couramment utilisée est celle de Lénine(24) dans laquelle tout se passe comme si le politique reflétait le social, le social l’économique et que ce dernier fut un système de rapports découlant du statut de propriété(25).
Sur la définition du concept de classe, d’importantes différences séparent fonctionnalistes et marxistes. Ces différences ne sont pas moins sérieuses quand il s’agit de déterminer le nombre des classes sociales, leur devenir et la nature des rapports qui les unissent.
C. Nombre et dynamisme des classes sociales

Dans la plupart des analyses fonctionnalistes, la société est présentée comme une hiérarchie objective composée de strates(26). Des auteurs comme Davis et Moore postulent que la stratification est une nécessité fonctionnelle(27) puisqu’elle sert à motiver les individus dans le sens du progrès économique et social. Plus on lutte pour s’élever dans l’échelle sociale mieux c’est pour le bien-être de la collectivité. Tout en reconnaissant une certaine valeur à cette approche, Maurice Duverger qualifie de simpliste la terminologie qui lui donne forme(28) : classes supérieure-supérieure, supérieure, supérieure-inférieure, moyenne, etc.

La sociologie fonctionnaliste accorde une aussi grande importance à la mobilité sociale qu’à la hiérarchie sociale.

Des variations intervenues dans la pyramide sociale – grâce à des facteurs internes et des facteurs externes(29) – permettent à l’individu de changer facilement de classe. Ainsi même si persistent certaines inégalités, les contradictions de classes, et voire même le concept de classe, sont frappées de caducité(30).

La théorie de la mobilité sociale réfère surtout à des individus, rarement à des strates et jamais à des classes. Par ailleurs, elle s’intéresse plus particulièrement au moment vertical ascendant. Dans des sociétés aussi mouvantes que les nôtres, la mobilité verticale est-elle concevable sans l’horizontale et l’ascendante sans la descendante?

Tout en reconnaissant les inégalités qui divisent les différentes classes de la société contemporaine, sur le plan du prestige, de la fortune, du mode de vie et du pouvoir, les tenants de cette approche prétendent que de telles inégalités disparaissent de plus en plus. C’est pourquoi d’après eux les rapports sociaux n’ont aucun caractère antagonique ni aucune portée déterminante dans l’évolution historique.

Les écrits d’auteurs comme Marx ou Lukacs présentent des divergences remarquables avec une telle conception.

Pour Marx, et ses successeurs, une classe n’est jamais isolée, mais fait toujours partie d’un système renfermant deux classes fondamentales; suivant la loi de l’unité des contraires, ces classes s’unissent et s’opposent en même temps. Dans la société contemporaine, elles s’appellent la Bourgeoisie et le Prolétariat(31)

Interprétant ce point de vue, Ossowski parle d’une « dichotomie fondamentale » dans la théorie de Marx(32). Mais, il y décèle aussi une « double conception trichotomique »(33). A juste titre, car : premièrement, dans Les luttes de classes en France, Marx parle de « la masse de la nation placée entre le prolétariat et la bourgeoisie »(34); deuxièmement, dans le dernier chapitre du Capital, il présente « les salariés, les capitalistes et les propriétaires fonciers » comme « les trois grandes classes de la société moderne »(35). Néanmoins, ce que Ossowski qualifie de schéma trichotomique fonctionnel(36) – en référence à la dernière classification – ne constitue en fait, pour les tenants du matérialisme historique, qu’une dichotomie entre la totalité des propriétaires des moyens de production et d’échange et la totalité des propriétaires de la simple force du travail. Cette dichotomie prend son importance surtout dans le cadre du procès de production où, suivant Marx, se développent « un rapport économique de domination et de subordination…, une grande continuité et une intensité accrue du travail… »(37). Cette situation créerait des intérêts communs entre les travailleurs qui constituent une « classe en soi »; mais, ces intérêts ne deviendront des « intérêts de classe » qu’ à partir du moment où les travailleurs prendront collectivement conscience de leurs conditions. Alors, ils constitueront une « classe pour soi »(38).

L’approche marxiste des classes sociales a été critiquée à plusieurs reprises par des sociologues comme Maurice Duverger, Ralf Darendorf, Georges Gurvitch, Raymond Aron, entre autres(39).
Somme toute, peut-on dire avec Maurice Duverger que les conceptions marxiste et non marxiste des classes sociales ne sont pas contradictoires(40)?

Assez souvent, des regroupements accessoires se font entre les deux approches. Cependant, que ce soit sur le plan de la définition du concept de classe, sur celui des rapports entre les classes ou du rôle des classes dans l’évolution sociale, les deux conceptions s’entrechoquent à tout moment. Cette situation nous permet de comprendre que, malgré l’optimisme de penseurs comme Daniel Bell(41), l’idéologie (partie intégrante de la réalité socio-économico-politico-historique) est bien vivante. Pourrait-il en être autrement? Dans toute société les rapports sociaux n’influent-ils pas sur les comportements cognitifs des hommes et des femmes? C’est ce que Maurice Duverger appelle le « coefficient de déformation personnelle »(42). Mais, une telle influence ne s’exerce-t-elle pas en tout premier lieu sur la pensée des individus dont la profession est d’étudier lesdits rapports?

Tout de même, cet « enracinement social » du sociologue(43) ne saurait réduire la sociologie à une pratique idéologique. En effet, le sociologue ne peut-il pas, tout en prenant la défense d’une classe, faire avancer la science? Karl Jaspers ira plus loin. Il écrit, en effet :
« Elle (la science) peut me montrer que, si je veux vivre, je ne peux éviter de prendre réellement parti dans l’affrontement des forces, si je ne veux pas être entraîné au néant et au désordre ». Car, « … quiconque veut vivre dans la liberté doit mettre de la clarté dans la lutte des puissances existentielles qui s’opposent »(44).

Ainsi, la « désubjectivisation » complète préconisée par Bachelard ne sera-t-elle jamais applicable à la sociologie?

II- NOTRE CADRE D’ANALYSE

A partir des précédentes considérations sur les classes sociales, nous allons essayer de mettre en œuvre un cadre d’analyse. Il comportera les propositions suivantes :

1- Reconnaissant avec Maurice Duverger «la supériorité des théories objectivistes»(45), nous postulons que la division de la société en classes distinctes référe avant tout aux rapports sociaux de production, d’échange et de distribution. D’où, pour nous, l’importance des sources de revenu des individus, de leur rôle dans la division du travail, de leur degré de maîtrise du processus de travail, de leurs rapports aux institutions et de leur famille. Autant de facteurs qui, la plupart du temps, conditionnent le degré de fortune, le pouvoir politique et les pratiques culturelles.

2- Nous établissons une nette différence entre couche (strate) et classe, tout en privilégiant la deuxième à la fois en tant que concept et comme réalité objective. C’est pourquoi nous n’adoptons qu’accessoirement le concept de stratification sociale. A notre avis, il est vraiment opératoire non pas dans la délimitation des classes mais dans celle de certaines couches sociales. Il remplit cette fonction notamment dans la différenciation entre diverses couches moyennes qu’il est souvent malaisé de ranger dans une seule et même classe. Nous estimons que la stratification en tant que réalité sociale renvoie surtout au degré de prestige lié au statut socio-professionnel qu’aux rapports sociaux. Nous admettons, cependant, qu’elle est le reflet (psychologique, juridique, social…) de ces rapports. A ce titre, elle est dynamique.

3- Ni les classes ni les couches (ou strates) ne sont statiques. Elles peuvent, toutes, se modifier, se diversifier, voire même disparaître. N’empêche que des oppositions peuvent naître à tout moment entre couches, entre classes, ou entre couche(s) et classe(s).

4- L’état moderne assure la reproduction des rapports sociaux ; mais, il n’est pas au-dessus des classes : sa neutralité n’est qu’apparente.


REFERENCES

(1) A ce sujet, voir – entre autres- Gerhard and Jean Lenski, Human Society, Mcgraw-Hill, 1974, p. 384-385.

(2) C’est notamment le point de vue d’un auteur comme Talcott Parsons dans Social Systems and Evolution of Action Theory, The Free Press and Collar Macmillan, New York-London, 1977, p. 327 et 332.

(3) Davis and Moore, “Some Principales of Stratification” in Lewis A. Coser and Bernard Rosenberg, Sociological theory: a book of readings, 3rd edition, the Macmillan Company, 1969, p. 403.
A ce sujet, voir aussi la critique qu’a fait Melvin W. Tumin de ces auteurs in « Some Principles of Stratification : a critical analysis », in Lewis and Rosenberg, Ibid, p. 515-426.

(4) Critiquant cette approche, Jarvie déplore que « les sociologues soient eux-mêmes prisonniers des mythes naturalistes de la sociologie spontanée ». cf. I.C. Jarvie, Concepts and Society, Routledge and Kegan Paul, London and Boston, 1972, p. 93 et 94.

(5) Dans l’Introduction a la critique de l’économie politique, Marx écrit : « La population est une abstraction si l’on néglige par exemple les classes dont elle se compose. Ces classes sont à leur tour un mot creux si l’on ignore les éléments sur lesquels elles se reposent, par exemple le travail salarie, le capital, etc. Ceux-ci supposent l’échange, la division du travail, les prix, etc. Si donc on commençait ainsi par la population, on aurait une représentation chaotique du tout (mais …) par l’analyse, on aboutirait a des concepts de plus en plus simples ». (Éditions sociales, Paris, 1969, p. 164-165).

(6) Voir a ce sujet Karl Marx, « Lettre a J. Weydemeyer » in Marx et Engels Lettres sur le capital, Éditions sociales, Paris, 1969, p.58-59.
Voir aussi Marx et Engels, L’idéologie allemande, Éditions sociales, Paris, 1982, p. 155.

(7) Dans Misère de la philosophie, Marx écrit : « La classe laborieuse substituera, dans le cours de son développement, a l’ancienne société civile une association qui exclura les classes … » (Cf. K. Marx, Oeuvres I, Gallimard, 1965, p. 135).

(8) L’épithète capitaliste servant a designer les sociétés contemporaines n’est pas pleinement acceptée par certains auteurs. C’est le cas, par exemple, de R. Darendorf. Selon lui, « parler de société capitaliste revient en somme à extrapoler des relations économiques aux relations sociales. C’est, sinon admettre la thèse qui fait des institutions et valeurs sociales une simple superstructure sur la base réelle des conditions économiques, du moins accorder aux structures économiques un certain pouvoir sur la formation des structures sociales » (Ralf Darendorf, Classes et conflits de classes dans la société industrielle, Mouton, Paris-La Haye, 1972, p.38).

(9) Voir a cet égard Karl Marx, Le Capital, Livre III, Tome III, Éditions sociales, Paris, 1974, p.252-253.

(10) Ibid, p.254.

(11) Ibid, p.255.

(12) Ibid, p.257.

(13) Ibid, p.255-256.

(14) Karl Marx, Le Capital, Tome II, Éditions sociales, Paris, 1973, p.192-201.

(15) A cet égard Darendorf parle de « dilution du concept de classe » et note que « l’histoire de ce concept (…) en sociologie est assurément une des illustrations les plus brillantes de l’incapacité des sociologues a se mettre d’accord sur un simple point de terminologie » (Ralf Darendorf, op. cit., p.76).

(16) « On peut parler de classe, écrit Weber, lorsque (1) un certain nombre d’individus ont en commun une composante causale spécifique quant a leur chance de vie (2) composante se manifestant d’une part exclusivement par des intérêts économiques concernant la possession de biens et les possibilités d’obtention de revenus (3) et se manifestant d’autre part sur le marche des biens ou sur le marche du travail » (Max Weber, « Class, status and party » in Gerth and Mills, From Max Weber, Oxford University Press, 1958, p.181).

Quant à Coser et Rosenberg, ils postulent que le concept de « classe refere à une certaine position dans la hiérarchie sociale et un certain degré de prestige base sur cette position ». (A. Coser and Bernard Rosenberg, Sociological Theory 3rd edition, The Macmillan Company, 1969, p.377).

Pour Reissman, les trios facteurs déterminants sont la profession, le revenu et l’instruction. (L. Reissman, Class, Leisure and Participation, « AS.R », 1954, p.69).

Kriesberg, lui, établissant sa définition sur des critères objectifs, se refere a des différences basées sur la possession des biens matériels : revenu, propiete et/ou contrôle des moyens de production. (Louis Kriesberg, Social Ineguality, Prentice Hall Inc., Englewood Cliffs, N.J., 1979, p.24).
Ces critères, on le verra, rappellent partiellement ceux retenus par les penseurs du matérialisme historique.

Enfin, Laroque est d’avis que « Les distinctions entre les classes s’expriment par une inégalité. Cette inégalité parait se trouver dans a conjonction d’éléments multiples et dont les principaux sont : 1. Le rôle joue dans la société, 2. le style de vie, 3. le comportement psychologique et la conscience collective ». (Pierre Laroque, Les classes sociales, P.U.F., Paris, 1970, p.9).

(17) Raymond W. Mack and John Pease, Sociology and Social Life, D. Van Nostrand Company, 1973, p.279).

(18) Georges Gurvitch, La vocation actuelle de la sociologie, Tome I, P.U.F., 1968, p.359).
Mais, les définitions (« préalable » et exhaustive ») de Gurvitch lui-même ne nous paraissent pas satisfaisantes non plus en raison de leur caractère abstrait et trop limitatif. (Voir ces définitions in George Gurvitch, Ibid, p.401-402).
(19) Voir Alain Touraine in « Communication », Association Internationale de Sociologie, Congres de Liege, 1953, p.1 et 25.
Une telle confusion a été relevée aussi par Bottomore, notamment chez des sociologues comme W.L. Warner et P.S. Lunt (cf. T.B. Bottomore, Sociology, George Allen and Unwin LTD, 1972, p.196).

(20) George Gurvitch, op. cit., p.359.

(21) Karl Marx, « Lettre a J. Weydemeyer », op. cit., p.59.

(22) Karl Marx, Le Capital, op. cit., p.259-260.

(23) Ibid, p.259-260, voir aussi Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, Éditions sociales, Paris, 1969, p.126-127, Les luttes de classes en France, Éditions sociales, 1970, p.51.

(24) « On appelle classes sociales, écrit Lénine, de vastes groupements d’hommes qui se distinguent par la place qu’ils occupent dans un système historiquement défini de production sociale, par leur rapport (la plupart du temps fixe par des lois) vis-à-vis des moyens de production par leur rôle dans l’organisation sociale du travail, donc, par les modes d’obtention et l’importance de la part de richesses sociales dont ils disposent. Les classes sont des groupes d’hommes dont l’un peut s’approprier le travail de l’autre, à cause de la place différente qu’ils occupent dans une structure déterminée, l’économie sociale. » (V.I. Lénine, « La grande initiative » in Oeuvres, Tome 29, Éditions sociales, Paris, Éditions en langues étrangères, Moscou, 1961, p.425.)

Bien que recoupant la définition de Lénine, celle de Boukharine est plus limitée : « …Par classe on entend un ensemble de personnes jouant un rôle analogue dans la production des rapports identiques avec d’autres personnes, ces rapports étant exprimes aussi dans les choses (moyens de travail) » (Nicolas Boukharine, La théorie du matérialisme historique, Anthropos, 1971, p.300).

Ces acceptions du concept de classe ont été sévèrement critiquées par des auteurs comme Bottomore, Darendorf et Gurvitch. Ce dernier leur reproche « l’excès d’importance » qu’y prend le rôle joue dans la production…, le peu d’attention accorde au fait que les classes sociales sont distinctes de tous les autres groupes uni-fonctionnels et multi-fonctionnels » (G. Gurvitch, op. cit., p.361-362). Bottomore, quant a lui, considère que Marx néglige des relations sociales importantes, telles celles entre individus dans la communauté nationale » (T.B. Bottomore, Class in Modern Society, George Allen and Unwin LTD, 1965, p.22).

(25) Au sujet du rapport entre le social et le politique, Marx écrit : « Il n’y a jamais de mouvement politique qui ne soit social en même temps. Ce n’est que dans un ordre de chose où il n’y aura plus de classes et d’antagonismes, que les évolutions sociales cesseront d’être des révolutions politiques. » (Karl Marx, Misère de la philosophie, op. cit., p.135). Dans le même ordre d’idée, Althusser parle d’instance économique, politique et idéologique (Louis Althusser, Pour Marx, Maspero, 1965, p.238). Quant a Poulantzas, il écrit : « Les analyses de Marx concernant les classes sociales se rapportent toujours, non pas simplement a la structure économique – rapports de production-, mais a l’ensemble des structures d’un mode de production et d’une formation sociale, et aux rapports qu’y entretiennent les divers niveaux … une classe sociale peut bien être identifiée soit au niveau économique, soit au niveau politique, soit au niveau idéologique, elle peut donc bien être localisée par rapport a une instance particulière. Cependant, la définition d’une classe en tant que telle et sa saisie en son concept se rapporte à l’ensemble des niveaux dont elle constitue l’effet. » (Nicos Poulantzas, Pouvoir politique et classes sociales, François Maspero, 1982, p.64-65).

(26) Néanmoins un sociologue comme Arsons considère qu’un système social consiste en une pluralité d’individus en interaction. Cette importance attribuée a l’entité (unit) individuelle reflète bien le psychologisme qui caractérise la plupart des écrits de Parsons dont le système d’action fait la part belle aux sous-systèmes culturel, biologique et psychologique. (A cet égard, voir notamment, Talcott Parsons, The social system, Glencoe, The Free Press, New York, 1951, p.17 et 332).

(27) Davis and Moore in Coser and Rosenberg, op. cit., p.404.

(28) Maurice Duverger, Sociologie Politique, P.U.F., 1968, p. 197.

(29) Voir à ce sujet Davis and Moore, in Coser and Rosenberg, op. cit., p. 412-414.

(30) Que des auteurs adoptent une telle approche, rien d’étonnant : certaines populations ne tendent-elles pas en fait a accréditer l’idée d’un nivellement progressif des situations sociales? Or, privilégiant le facteur subjectifs, ces mêmes auteurs de réduisent-ils pas les classes a des ensembles d’entités (units) individuelles qui, d’après elles-mêmes et aussi d’après les autres membres de la communauté, occupent telle ou telle position dans la hiérarchie sociale? Et cette position correspond approximativement au statut social de chacun. A propos des status, Maurice Halbuwachs dira qu’une « classe doit occuper un rang d’autant plus élevé que ses membres participent davantage a la vie sociale ». (M. Halbwachs, La classe ouvrière et le niveau de vie, Alcan, Paris, 1913, p.VIII).

A ce sujet, Ossowski critiquera : « Les études de terrain consacrées a la structure des classes aux Etat-Unis, surtout celles qui admettent au départ comme hypothèse de travail l’existence du critère psychologique de la classe sociale, et qui se proposent d’étudier l’opinion des individus sur le système de classes auxquelles ils participent ». (Stanislaw Ossowski, La structure de classe dans la conscience sociale, Anthropos, 1971, p.170).

De plus, en s’en tenant a l’opinion du sujet, a celle d’autrui et a la sienne propre, le sociologue ne s’aliene-t-il pas la possibilité de vraiment saisir l’essence de cette réalité complexe que constituent les classes sociales? Peut-on en effet étudier efficacement ladite réalité sans prendre en compte les rapports qu’entretiennent les groupes d’une part entre eux et, d’autre part, avec l’ensemble de la société?

(31) Karl Marx et Friederich Engelo, Le manifeste du parti communiste, 10118, Paris, 1962, p. 19.
Gurvitch note que le nombre des classes sociales a toujours constitue un problème pour Marx et les marxistes. D’après lui, l’auteur du Capital conçoit la société parfois comme une unité contradictoire « entre deux classes, ou au moins entre deux blocs de classes », parfois comme le siège d’une multiplicité de classes… (cf George Gurvitch, op. cit., p. 364).

Ossowski est, en revanche, d’un avis différent. Il postule, en effet que, malgré leur différence, les schémas construits par Marx quant au nombre des classes sociales ne sont pas contradictoires. (Voir à ce sujet, Stanislaw Ossowski, op. cit., p. 139).

(32) Ibid, p. 134.

(34) Karl Marx, Les luttes de classes en France, Éditions sociales, Paris, 1970, p. 51.

(35) Karl Marx, Le Capital, tome III, livre III, op cit., p. 259.

Le classement effectue dans Le Capital inspirera des sociologues comme Bottomore. (Cf T.B. Bottomore, Sociology, op. cit., p. 194-195).

(36) Stanislaw Ossowski, op cit., p. 134.

(37) Karl Marx, Un chapitre inédit du capital, Union générale d’édition, 10/18, Paris, 1971, p.203.

(38) Voir a ce sujet Karl Marx « Misère de la philosophie », Oeuvres I, op. cit., p. 134-136.
Quoiqu’il en soit, Gurvitch pourra écrire : « Le problème de la conscience de classe n’a jamais été éclaire » dans le marxisme, en raison de « l’absence de psychologie de classes ». (George Gurvitch, op cit., p. 363.

(39) Après avoir vante le mérite de Marx qui, selon lui est « de montrer que la lutte de classe est un facteur essentiel des antagonismes politiques, Duverger déplore que « ce facteur » soit « toujours et partout prédominant ». (Maurice Duverger, op. cit., p. 204).

Quant a Darendorf, tout en concevant que « les concepts de classe et de lutte de classes sont inséparablement lies », il déplore que les postulats de Marx sur les conflits entre classes manquent de subtilité et ne s’appuient pas suffisamment sur des études empiriques. (Voir Ralf Darendorf, op. cit., p. 135-137).

Gurvitch, lui, reproche a Marx et aux marxistes d’avoir « néglige d’étudier le fait frappant des rapports inverses qu’on peut observer entre la lutte de classes et la lutte de groupements a l’intérieur des classes ». (George Gurvitch, op. cit., p. 362).

Enfin, de l’analyse marxiste de la lutte de classe, Raymond Aron tire la conclusion suivante : «… la lutte réformiste pour l’amélioration des conditions d’existence est inséparable de la société capitaliste, mais (…) la lutte politico-revolutionnaire pour la transformation de la société, possible en fonction de la structure de la société capitaliste, n’est pas inévitable ». (Raymond Aron, La lutte des classes, Gallimard/Idées, Paris, 1964, p. 125).

(40) Voir, à cet égard, Maurice Duverger, op cit., p. 197-198.

(41) Dans son ouvrage The end of Ideology, The Free Press, New York, collier Macmillan, London, 1965, p. 370-372, Daniel Bell proclame la disparition des ideologies.

(42) Maurice Duverger, op. cit., p.12.

(43) Nous avons emprunte l’expression entre guillemets a Bourdieu. Voir a ce sujet : Pierre Bourdieu, Jean-Claude Passeron et Jean-Claude Chamborderon, Le métier de sociologie, Mouton, La Haye, Paris, 1968, p. 107.

(44) Karl Jaspers, Initiation à la méthode philosophique, Payot, Paris, 1966, p. 76 et 81.

(45) Maurice Duverger, op. cit., p. 197.

mercredi 28 novembre 2007

mercredi 14 novembre 2007

VOYAGE D'ÉTUDES

L'Asie.


Les amis en Asie.

Des amis de Hong Kong novembre 2007.





Des amis de Hong Kong novembre 2007.

samedi 10 novembre 2007

RAPPORT ENTRE L’EDUCATION ET LE POUVOIR DANS LES SOCIETES DEPENDANTES


INTRODUCTION

Le vieux dicton « Qui dit savoir, dit pouvoir », traduit, de façon
évidente, l’existence d’une relation entre la notion d’éducation
et celle de pouvoir. Cette relation, nous ne voulons pas la
considérer sous un angle simpliste où l’on tend à lier la faculté
de faire certaines choses aux capacités intellectuelles d’un
individu. Nous ne voulons apprécier les rapports entre l’éducation et le pouvoir dans les sociétés dépendantes, particulièrement dans un contexte de pouvoir d’État qui tient son sens dans l’existence d’un gouvernement que Julien Freud définit comme étant « le pouvoir réglementé et organisé ». Vue sous cet angle, l’éducation est alors considérée en tant que processus de socialisation de l’individu qui conditionne le rôle et la place que celui-ci aura à emplir et à occuper dans la société. Ainsi, Marcel Mauss la définira-t-il comme étant « les efforts consciemment faits par les générations pour transmettre leurs traditions à une autre. Il attribue aussi ce nom à l’action que les anciens exercent sur les générations qui montent chaque année pour les façonner par rapport à eux-mêmes et secondairement, pour les adapter, elles, à leurs milieux social et physique ».

Dans le système capitaliste mondial, la société étant constituée de groupes à intérêts opposés, nous comprenons donc que la fonction de l’éducation doit être en relation avec l’orientation que lui donne le pouvoir. Une orientation qui n’est pas sans commune mesure avec les intérêts des classes dominantes de la société. Dans les sociétés dépendantes ou les oppositions entre les classes sont encore plus manifestes, le pouvoir d’État ne saurait rester indifférent à l’endroit de l’éducation. Aussi, nous demandons-nous quel est le rôle dominant que joue l’école dans ces pays qui n’ont pas les mêmes réalités sociales, ni connu le même processus historique d’évolution que ceux du centre? En d’autres termes, l’école sert-elle au développement socio-économique des sociétés dépendantes? Ou encore, contribue-t-elle à assurer la perpétuation des classes dominantes au pouvoir?

Pour répondre à ces interrogations, nous axerons notre analyse sur les objectifs du pouvoir d’État dans ses rapports avec l’éducation. À ce compte, nous suivrons le cheminement suivant :

Tout d’abord, nous chercherons, à travers des considérations autour de la notion d’État, à apprécier les bases du pouvoir d’État. Ces appréciations nous permettrons de mieux comprendre les forces qui régissent l’État et les mobiles qui le portent à exercer un certain contrôle sur les appareils culturels.

Une fois que nous aurons déterminé les mobiles qui portent l’État à exercer son contrôle sur les appareils culturels, il nous sera alors aisé d’identifier le rôle et la fonction que joue et exerce l’éducation dans la société.

Ensuite, nous pourrons analyser les effets récurrents du colonialisme dans les sociétés dépendantes, particulièrement en ce qui a trait aux comportements des classes dirigeantes dans l’organisation et l’orientation des systèmes éducatifs de leurs pays.

Enfin, nous insisterons notamment sur l’influence et le rôle des classes dominantes dans l’organisation et l’orientation des systèmes éducatifs et leurs conséquences pour l’ensemble de la société. Ce qui nous permettra alors de nous fixer quant au rôle et à la fonction effectifs de l’éducation dans les sociétés dépendantes.

Commençons tout de suite par apprécier les bases du pouvoir d’État :

1- LES BASES DU POUVOIR D’ETAT
Pour apprécier les bases du pouvoir d’État, nous chercherons à nous arrêter particulièrement sur des considérations autour de la notion d’État dont les mécanismes de fonctionnement expliquent les bases mêmes de son pouvoir. Nous éviterons donc de concentrer notre attention sur une définition du concept de pouvoir qui va nous renvoyer à la notion d’autorité et de commandement; ce qui est loin d’être l’objet de notre étude ici.

En effet, dans « l’État et la révolution », Lénine critique les idéologues bourgeois et petits-bourgeois qui, tout en reconnaissant que l’État n’existe que là où « existent les contradictions de classes et la lutte des classes », transforment la pensée de Marx en faisant passer l’État pour un organisme de conciliation de classes. Alors que pour Marx, l’État n’est autre chose qu’un organisme de domination et d’oppression d’une classe par une autre. Ce que, d’après Lénine, les idéologues bourgeois et petits-bourgeois refusent d’admettre. Pour ceux-ci, l’État est un organisme qui cherche à garantir l’ordre social par la conciliation des classes. Toutefois, Lénine pense qu’on ne peut concilier des classes sociales dont les intérêts sont opposés et contradictoires. Aussi, cet ordre social est-il un ordre social bourgeois qui raffermit les privilèges et la domination de la bourgeoisie au détriment des masses populaires. Les classes dominantes utilisent donc les services de l’État pour exploiter au maximum les masses populaires. Ainsi, les véritables centres du pouvoir d’État se trouvent-ils en dehors de l’État lui-même. Ils se concentrent particulièrement aux mains de ceux qui contrôlent et organisent les rapports de production à la base de l’accumulation du capital. Pour Lénine et les tenants du marxisme, l’État se révèle donc un instrument au service des classes dominantes de la société.

Dans le même ordre d’idées, Portelli, analysant le concept de société civile que Gramsci a interprétée comme étant le « complexe de la superstructure idéologique », signale que les rapports juridiques ainsi que les formes de l’État ont leurs racines dans les conditions d’existence matérielles. Il considère que les rapports économiques sont les véritables éléments décisifs dans une société. Pour appuyer ses réflexions, il cite Engels qui écrit que « l’État, l’ordre politique est l’élément subordonné, tandis que la société civile, le règne des rapports économiques, est l’élément décisif ». En ce qui a trait à la société civile, Portelli, à la lumière des considérations faites par Gramsci, l’apprécie sous trois aspects complémentaires:

D’abord, il considère la société civile en tant qu’idéologie de la classe dirigeante qui emorasse l’art, l’économie, le droit, la science et ensuite, en tant que conception du monde qui est diffusée à toutes les couches sociales. Enfin, comme direction idéologique de la société s’articulant en trois niveaux essentiels : l’idéologie proprement dite, la structure idéologique c’est-à-dire les organisations qui la créent et la diffusent et le matériel idéologique, c’est-à-dire les instruments techniques de diffusion de l’idéologie (système scolaire, mass media, bibliothèque etc.

Par ailleurs, Portelli considère que les différentes branches de l’idéologie, quoique d’apparence indépendante, constituent les diverses parties d’un même tout : la conception du monde de la classe fondamentale qu’il faut entendre comme étant la classe dominante de la société.

Poursuivant ses réflexions à la lumière des théories gramsciennes de la société civile, Portelli a trouve que Gramsci qui a oppose la société civile à la société politique au sein de la superstructure, a peu étudié cette dernière (la société politique) dans les QUADERNI. Toutefois, il a noté quelques définitions qui font considérer la société politique comme étant :
a) la fonction de domination directe ou de commandement qui s’exprime dans l’État ou le gouvernement juridique
b) un appareil coercitif pour amener les masses à se conformer au type de production et à l’économie d’un moment donné
c) un gouvernement politique considère en tant qu’appareil de coercition d’État qui assure « légalement » la discipline des groupes qui refusent leur accord tant actif que passif. Aussi, a-t-il constaté que la société politique regroupe l’ensemble des activités de la superstructure qui relèvent de la fonction de coercition. En ce sens, elle est considérée comme un prolongement de la société civile. Cette conception se retrouve dans le schéma gramscien où l’on peut relever que la conquête du pouvoir devient le parachèvement du contrôle de la société. La société politique ne joue alors qu’un rôle secondaire dans le système hégémonique, puisque l’appareil étatique qui assure la liaison entre la société politique et la société civile est organisée sur la base de l’orientation qui lui imprime la classe dominante. Ainsi, pouvons-nous considérer celle-ci comme étant les vrais centres du pouvoir de l’État.

O’Connor, pour sa part, ne croit pas que l’État soit au service d’une classe particulière. Il argumente sa position en alléguant que l’État capitaliste qui utilise sa force coercitive pour aider une classe à accumuler du capital aux dépens d’une autre, perd sa légitimité et mine ses bases de loyauté et d’appui. En même temps, il reconnaît qu’un État qui ignore l’importance de l’aide qu’il doit accorder au procès d’accumulation, risque d’assécher la source de son propre pouvoir, la capacité de l’économie à générer un surplus et des impôts, tirés de ce surplus et autres formes de capitaux.

L’argumentation de O’Connor ne peut être mieux explicite :
L’État de la société capitaliste doit son pouvoir grâce à l’aide qu’il accorde au procès d’accumulation. Ce qui implique que l’État agit particulièrement au bénéfice des classes dominantes de la société, puisque ce sont celles-ci qui organisent les mécanismes facilitant le procès d’accumulation du capital. Ces mécanismes mis en place dans la société, grâce à l’appui de l’État garant de l’ordre capitaliste, permettent, en effet, aux classes bourgeoises de mieux exploiter les classes populaires et d’exercer leur domination politique, économique, idéologique et culturelle.

Quant a Poulantzas, il reconnaît que l’État n’a pas à proprement parler du pouvoir. Toutefois, il constitue le centre du pouvoir de la classe dominante. Il affirme aussi que l’État n’est pas un instrument qui soit au service de la classe dominante. Il détient une autonomie relative qui lui permet d’assurer l’unité bourgeoise de la société. En abordant ainsi la question de l’État et du pouvoir d’État, Poulantzas semble rejoindre O’Connor qui, tout comme lui, reconnaît à l’État une certaine autonomie.

Toutefois, en admettant avec ces auteurs que, dans la société capitaliste moderne, l’État détient une certaine autonomie qui lui permet d’assurer l’unité bourgeoise de la société en atténuant les effets négatifs dus à des excès dans le procès d’accumulation du capital, nous sommes loin d’admettre que l’État capitaliste soit un organisme de conciliation sociale. En effet, dans les sociétés capitalistes avancés, l’État met en place des mécanismes pour atténuer les conflits de classes qui sont plus manifestes dans certaines sociétés dépendantes ou le pouvoir d’État s’identifie plus visiblement aux classes dominantes. Dans cet ordre d’idées, Jean-Pierre Cot et Jean-Pierre Mounier pensent que, pour mieux assurer le cadre d’un mode de production donné, l’appareil d’État fonctionne à la violence et à l’idéologie. Mais, notent les deux auteurs, l’appareil d’État ne peut se maintenir en s’appuyant uniquement sur la violence « Il doit donc camoufler sa nature, se poser en structure neutre, au-dessus des intérêts en présence, pour remplir avec efficacité sa fonction ».

L’expression de neutralité, utilisée par Cot et Mounier, traduit en quelque sorte, la notion d’autonomie relative de l’État que nous avons signalée un peu plus tôt. Mais, ceux-ci croient que cette autonomie relative n’est, en fait, qu’un masquage qui camoufle la réalité de la lutte des classes et, de ce fait, sert encore mieux les intérêts de la classe dominante. Cardoso et Faletto, analysant la situation de dépendance et la question de développement en Amérique latine, ne réfléchiront pas différemment. Ils affirment que « l’État exprime la domination d’une classe ou d’une alliance de classes sur d’autres. Mais, alors qu’il sert leurs intérêts sur lesquels il se fonde, il propose des mesures qui rendent vraisemblable la « généralité d’intérêts », et qu’il doit afficher s’il veut exister (peuple, égalité, nation) ».

Par ailleurs, Cardoso et Faletto notent que l’État des sociétés dépendantes, en dehors du fit qu’il sert les intérêts des classes dominantes nationales, ouvre aussi les portes des économies périphériques au capitalisme. Guillermo O’Donnell abonde dans le même sens. Il croit que si l’État, dans les sociétés dépendantes, a joué un rôle fondamental dans la création de la nation et l’unification de la société, il n’en demeure pas moins qu’il représente aussi un lien capital pour la diffusion interne de la domination néo-colonialiste et impérialiste. Une telle situation accentue la dépendance des pays périphériques vis-à-vis des pays du centre. Ce qui entraîne donc une aliénation du pouvoir de l’État ainsi que de son autonomie.

Enfin, nous pouvons dire que l’État, malgré sa relative autonomie, garantit un ordre social qui est celui de la bourgeoisie de la société capitaliste. De ce fait, il constitue le centre d’un pouvoir qui se situe en dehors de l’appareil étatique lui-même. Aussi, l’ensemble des appareils culturels sert-il à véhiculer l’idéologie des classes dominantes nationales qui se font les relais de la société capitaliste mondiale, de manière à maintenir et à perpétuer leur hégémonie culturelle, économique et politique.

Maintenant que nous venons d’apprécier les bases du pouvoir de l’État, nous allons, à présent, considérer pourquoi ce dernier cherche-t-il à exercer un certain contrôle sur les appareils culturels.

2-L’ETAT ET LE CONTRÔLE DES APPAREILS CULTURELS
Parler du contrôle des appareils culturels nous fait tout de suite penser aux mécanismes de reproduction sociale existant ou mis en place dans la société. Pour assurer celle-ci, il note que l’éducation ne saurait être neutre. L’école ne saurait donc assurer la mobilité sociale à tous.

Aussi, en dehors des mass media, l’école est-elle l’endroit tout désigné pour réaliser cette diffusion et aussi accomplir cette fonction de socialisation de l’individu. Dans cet ordre d’idées, nous pouvons comprendre la position de Cot et Mounier quand ils disent que « Pour durer, un système social doit former son personnel, pourvoir aux rôles sociaux qui le composent. Il doit inculquer aux individus les valeurs, attitudes et orientations qui leur permettront de tenir leur rôle politique ». D’où les intérêts que porte l’État à exercer son contrôle sur les appareils culturels et tout particulièrement sur le système éducatif qui assure la formation de nouveaux cadres dont les classes dominantes ont besoin pour perpétuer et maintenir leur domination sociale, culturelle, idéologique, économique et politique.

De son côté, Jacky BEILLEROT, reprenant la vue d’Althusser sur la question des appareils idéologiques d’État, allègue que « l’État capitaliste utilise pour maintenir et perpétuer son pouvoir deux réseaux ou deux appareils : d’une part la répressif (police, justice, armée), d’autre part l’idéologique (le culturel, l’école) ». Il explicite son point de vue en insistant sur le rôle prépondérant joué par l’école dans le maintien, la reproduction de la domination de la bourgeoisie à travers tout en justificatif culturel, humaniste donc idéologique. Par ailleurs, Béillerot ne résiste pas à l’idée de considérer l’État comme étant le gestionnaire No 1 du savoir. Celui-ci ne le laisse pas accroître à son gré dans des horizons divers. Il dispose, en conséquence, de tout un ensemble de dispositifs pour « l’entretenir, l’orienter, le diffuser, le contrôler, le restreindre (le savoir est parcellisé, multiplié. À chacun son morceau de savoir utile, décidé par l’État ».

Karl Marx et Friedrich Engels, pour leur part, étudiant la question de l’éducation et de l’enseignement dans les sociétés capitalistes, allèguent que « tout le système d’enseignement de la société capitaliste repose sur le rationalisme bourgeois ». Ils croient, en effet, que l’éducation offre relativement peu de chance de mobilité sociale dans une société de classes ou le pouvoir politique est contrôlé par une bourgeoisie qui dicte ses normes et règles de conduite aux masses populaires. Pour Marx et Engels, l’origine sociale des individus joue un rôle important dans leur mobilité sociale que Claude Larivière définit comme étant « un changement fonctionnel dans la position sociale d’un individu (mobilité verticale) ou d’un groupe (mobilité collective). Elle opère soit à l’intérieur d’une génération ou entre générations. Dans ce dernier cas, elle peut se mesurer par la possibilité pour un individu d’avoir un statut différent de sa famille d’origine ou pour une partie d’un groupe de passer d’un métier, d’un secteur économique ou d’un niveau social à un autre ». Ceci nous fait donc comprendre qu’il peut exister à l’intérieur du système éducatif des mécanismes qui contrôlent cette mobilité de manière à ne pas mettre en cause la stabilité du système social. Ainsi, l’école remplit-elle une fonction idéologique assez importante et qui permet d’assurer le maintien et la perpétuation des classes dominantes au pouvoir. D’où le contrôle de l’État sur les activités éducatives de manière à garantir la légitimité de son pouvoir.

Dans les sociétés dépendantes où il existe une situation sociale plus tendue, le contrôle exercé par le pouvoir politique se révèle encore plus grand. Du fait d’un trop grand écart entre les conditions de vie des masses populaires et celles des classes dominantes qui risque de faire éclater à tout moment l’ordre social bourgeois, l’État des sociétés dépendantes, caractérisé généralement par son côté militariste et autoritaire, exerce son contrôle sur tout ce qui constitue des appareils de diffusion idéologique, particulièrement, l’école, les mass media etc. de manière à leur imprimer son orientation propre. Ces disparités entre les classes sociales et le rôle fondamental joué par l’État pour sauvegarder l’ordre économique capitaliste, ne semblent pas sans relation avec les effets récurrents du colonialisme sur les classes dirigeantes. En effet, celles-ci ont hérité du colonialisme certaines normes, des valeurs culturelles et des règles de conduite qu’elles semblent toujours garder, en dépit des divers processus historiques qui les ont marquées. Aussi, allons-nous apprécier, tout de suite, quels en sont les effets les plus manifestes du colonialisme sur les classes dirigeantes.

3-L’ÉDUCATION ET LES EFFETS RÉCURRENTS DU COLONIALISME
Pour maintenir l’ordre colonial dans les nations soumises, les peuples conquérants s’appuyaient particulièrement sur deux facteurs, la force des armes et l’éducation (plus spécialement l’éducation religieuse). Nous nous rappelons l’histoire de Christophe Colomb débarquant en Amérique, tenant une croix dans une main et son épée dans l’autre. Par la suite, les indigènes qui refusèrent de se laisser « civilisés » par les conquérants devaient mourir par milliers.

Après leur accession à l’indépendance, les pays en développement ont hérité d’une structure politico-administrative qu’ils n’auront pas grandement changée et qui rappelle « l’indirect rule » (*) des anglais. Pour reconstruire leurs pays, les nouveaux dirigeants ont dû faire appel aux anciens colons restés sur place et qui constituaient avec les quelques autochtones préalablement formés dans les écoles européennes, les cadres les mieux préparés. Alors bon nombre d’anciens colons s’étaient vu confier la tâche de préparer les nouveaux cadres dont les pays indépendants avaient besoin.
(*) « Indirect Rule » qui se traduit en français par l’administration indirecte consistait particulièrement à utiliser pour administrer les colonies des autochtones dont l’allégeance à la couronne d’Angleterre ne faisait aucun doute.

En Afrique francophone tout comme en Amérique latine, les nouvelles générations de dirigeants étaient particulièrement issues des écoles catholiques organisées par les diverses congrégations religieuses. Celles-ci ont donc joué et jouent de nos jours un rôle prépondérant dans l’organisation des systèmes éducatifs des pays dépendants. Il en ressort que les systèmes d’enseignements dans les sociétés en développement, sont le reflet des modèles d’enseignement européens. À ce propos Pierre Erny, analysant les systèmes d’enseignement dans les pays pauvres, a fait état de trois constatations qu’il présente en terme d’argumentation :
a) En premier lieu, il considère les systèmes d’enseignement actuel comme une sorte de dilatation des systèmes coloniaux. Pourvoyeurs de l’impérialisme culturel, ils constituent à l’égard des sociétés ou ils sont implantés, une forme d’agression provocant désorganisation et conflits.
b) En deuxième lieu, il pense que l’école organisée suivant des modèles étrangers, devient trop coûteuse pour les États pauvres. Ce qui entrave la généralisation de l’enseignement.
c) Enfin, il allègue que l’école favorise une promotion individuelle et la mise en place de classes privilégiées, de bourgeoisies administratives, voire de groupes nettement parasitaires.

En effet, les argumentations de Erny se révèlent, on ne peut plus, pertinentes. Les sociétés en développement portent encore l’empreinte du colonialisme. Dans leur grande majorité, elles évoluent toujours dans un contexte de domination étrangère. Leurs systèmes d’enseignement qui sont souvent le reflet des modèles étrangers, contribuent relativement peu à leur développement socio-économique. Aussi, assistons-nous d’une part à une acculturation de plus en plus grande des classes dominantes nationales qui se détachent petit à petit des valeurs autochtones jusqu’à manifester un certain mépris à leur égard, d’autre part à une augmentation chaque jour plus élevée du nombre des analphabètes restés attachés aux valeurs traditionelles; ceux-ci constituent souvent la majorité de la population. Alors est née une situation dichotomique qui met en relation des valeurs traditionnelles locales et des valeurs culturelles étrangères ayant acquis un statut privilégié par l’entremise des classes dominantes de la société. Celles-ci disposent, d’ailleurs, d’un ensemble de réseaux (l’école, les mass media etc.) pour imposer à l’ensemble de la population tout un système de valeurs qui sont à la base de leur domination culturelle appelée à justifier et à légitimer leur domination sociale, économique et politique.

Tout ceci montre que les classes dominantes locales jouent un rôle particulièrement important dans l’évolution des sociétés dépendantes. Ce rôle, nous allons l’apprécier de plus près.

4-L’INFLUENCE ET LE RÔLE DES CLASSES DOMINANTES
Nous venons de relater que le colonialisme a profondément marqué les sociétés dépendantes. En effet, celles-ci (à part de rares exceptions : Cuba en Amérique Latine et, très rarement, le Nicaragua, ou encore quelques rares pays en Afrique etc.), n’ont pas connu, à travers le temps, des transformations fondamentales. Leurs classes dirigeantes restent attachés aux valeurs culturelles étrangères et modèlent le développement social et économique de leur pays sur celui des États avancés de la société capitaliste mondiale. Celles-ci créent et assurent les conditions structucturelles à l’expansion du capitalisme au détriment de tout développement national. Les sociétés en développement subissent alors une double domination : une domination étrangère qui cherche à s’imposer soit directement ou indirectement par le truchement des organismes internationaux (Unesco, FMI, AID, BID, ONUDI, OCDE etc.) et une domination interne qui s’exerce à travers les structures nationales existantes et qui, souvent, prend la forme d’un véritable néo-colonialisme interne.

Les classes dirigeantes des sociétés dépendantes pour n’avoir pas su rompre les circuits coloniaux en vue de permettre à leurs pays de trouver leurs propres voies de développement, deviennent ainsi les vassales de la société capitaliste mondiale. Cette dernière trouve en l’école et les mass média qui servent à la diffusion de l’idéologie des classes dominantes des instruments tout désignés pour exercer sa domination culturelle.

Pour Martin Carnoy, les ex-pays colonisés, en modelant leurs systèmes éducatifs sur ceux des européens ou des États-Unis d’Amérique, ont eux-mêmes crées une situation qui entrave leur auto-développement. Selon lui, une fois indépendants, ces pays auraient dû organiser et orienter leurs systèmes éducatifs de manière à assurer une revalorisation de leur culture nationale ainsi que leur développement social et économique. Malheureusement les classes dominantes nationales restées grandement attachées aux normes et valeurs culturelles européennes ou nord-américaines, n’ont pas jugé nécessaire d’apporter des changements significatifs dans les systèmes d’enseignement. Aussi, les livres d’histoire, après l’indépendance, n’ont-ils fait que traduire leurs propres interprétations des divers faits historiques. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la formation des générations montantes.

Par ailleurs, Carnoy, analysant la fonction de l’école dans le cadre de la théorie de dépendance, affirme que l’école ne peut apporter des transformations notables dans un système social qui évolue toujours dans un contexte de dépendance par rapport à d’autres. Toutefois, en attribuant à l’école une certaine autonomie, il croit que celle-ci, malgré ses fonctions premières de sélection et de socialisation, peut produire des individus qui ne sont pas seulement des agents de changement à l’intérieur du système éducatif, mais aussi des agents qui désirent briser la situation de dépendance dans laquelle vit l’ensemble de la population. Souvent ces agents de changement viennent particulièrement des classes moyennes dont les stratégies consistent notamment à s’appuyer sur la défense de la culture nationale ou endogène pour élaborer leur projet de société.

Pour réussir à briser cette situation de dépendance, les classes moyennes en alliance avec les masses populaires sont toutefois obligées de sortir du cadre de l’éducation en vue de mener leur combat sur un terrain plus vaste qui est celui de la politique. Car le système éducatif n’est que le reflet d’un système social tel que désiré par le pouvoir politique. C’est pourquoi, d’ailleurs, l’État des sociétés dépendantes, gardien de l’ordre économique de la société capitaliste, met-il en place les structures nécessaires pour faciliter cette double fonction de l’éducation qui est celle de contribuer au maintien et à la reproduction des classes dominantes ainsi qu’à la diffusion de l’idéologie capitaliste à l’ensemble de la société.

CONCLUSION

Les classes dominantes des sociétés dépendantes exercent, par l’entremise du pouvoir d’État un rôle important dans l’organisation et l’orientation des systèmes éducatifs, de même que dans la pénétration des idéologies des normes et valeurs culturelles des sociétés capitalistes dans leurs pays. Dans les pays dépendants ou les conditions socio-économiques sont particulièrement critiques pour la majorité de la population, l’éducation devrait être organisée de manière à y apporter des changements sociaux, économiques et politiques. Malheureusement, elle sert, de préférence, à accélérer le processus de capitalisation qui assure l’hégémonie des classes dominantes nationales et de celles des sociétés capitalistes mondiales. De plus, les modèles d’enseignement adoptés par les classes dominantes nationales, en se révélant peu appropriés aux besoins de développement social et économique des sociétés dépendantes, créent une situation préoccupante pour ces dernières qui sont censés préparer des cadres particulièrement pour les pays du centre qui se voient pourvus en personnels formés sans avoir à investir dans leur formation.

Dans les sociétés dépendantes ou les intérêts des classes dominantes par rapport à ceux des masses populaires sont manifestement opposés, l’éducation apparaît donc comme un véritable enjeu social. Aussi y existe-t-il une véritable lutte ouverte ou larvée pour le contrôle des appareils culturels de manière à les orienter suivant les intérêts particuliers de l’une ou l’autre des classes sociales qui sont en confrontation. Cette bataille engagée pour le savoir est une bataille engagée contre l’État pense Béillerot qui croit «qu’il ne s’agit pas du seul contenu apparent, objectif du savoir : il s’agit indissociablement du savoir, procès et contenu ». En effet, l’éducation joue un rôle important dans toute formation sociale. C’est pourquoi, l’une des premières mesures prises par tout gouvernement révolutionnaire est la restructuration complète du système éducatif de manière à l’adapter à leurs projets de société.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

BEILLEROT, Jacky, Idéologie du Savoir, Militants Politiques et Enseignants, Casterman, Belgique, 1979, 189p.

CARDUSO et FALETTO, Dépendance et Développement en Amérique Latine, Paris, PUF, 1978.

CARNOY, Martin, Education as Cultural Imperialism, New York, D. McKay Company Inc., 1974.

COT, Jean-Pierre et MOUNIER, Jean-Pierre, Pour une Sociologie Politique, Tome 2, Éditions du Seuil, Paris VIe, 1974, 187p.

ERNY, Pierre, L’enseignement dans les Pays Pauvres, Modèles et Propositions, Éditions L’Harmattan, Paris Vie, 1977, 211p.

FREUD, Julien, L’essence du Politique, Éditions Sirey, Parie Ve, 1965, 764p.

LARIVIERE, Claude, dans le texte « La Mobilité Sociale » in « Le Système Social » paru sous la direction de Francis BALLE, Librairie Larousse, Paris, 1977, 127p.

LENINE, Vladimir, L’État et la Révolution, Éditions Gonthier, Genève, Suisse, 1963, 160p.

MARX, Karl et Engels, F, Critique de l’Éducation et de l’enseignement, FM/Petite Col., F. Maspero, Paris Ve, 1976, 285p.

MAUSS, Marcel, Essais de Sociologie, Col. Points, Éditions de Minuit, Paris, 1968-1969, 152p.

O’CONNOR, James, The Fiscal Crisis of the State (1973).

PORTELLI, H. Gramsci et le Bloc Historique, Paris, PUF, 1972.

mercredi 7 novembre 2007

DOSSIER SUR LA PROBLÉMATIQUE SUICIDAIRE


Comportement suicidaire
→ Message → Personne significative
Direct → demande d’aide
Indirect → désespoir

Dynamique du comportement suicidaire

· Approche traditionnelle (Freud) [1910]

ETAT → IDEATION PARADIGME
DEPRESSIF SUICIDAIRE FONDAMENTAL

ETAT ← ETAT → IDEATION DEPRESSIF
D’EXCITATION HOMEOSTATIQUE
SUICIDAIRE

(PARADIGME ETENDU A UNE PMD)
INTRODUCTION


· Approche « Loi du talion (Stekel) [1967]
A. Un individu (qui va devenir suicidaire) mijote le projet de tuer quelqu’un de significatif pour lui inconsciemment.

B. Le désir/projet ne peut pas s’exprimer.

C. Un tel projet/désir est un crime et doit être puni.

D. L’individu qui a mijoté un tel projet doit être puni.

E. La punition ne peut que viser l’individu qui a ce projet et cette personne doit payer de sa vie selon la loi du talion

DESIR DE → IMPULSION → SENTIMENT DE → SUCIDAIRE
TUER REPRIMEE PUNITION HONTE

· Ambivalence par rapport à la vie et a la mort

*10% des personnes suicidaires vont réussir avec succès leur tentative (approximativement).

*Donc, la plupart des autres personnes suicidaires sont
davantage « ambivalentes » par rapport à leurs désirs
de vivre ou de mourir.

*Ce qui est un sentiment tout à fait humain et non pas une faiblesse.

*Ce qui aussi assure à l’intervention de crise des bonnes chances de réussir.

· Impact du comportement suicidaire sur les autres personnes significatives

*Importance de comprendre le comportement suicidaire en termes de communication (message) qui est émis mais aussi reçu.

*Impact possible considérable par rapport à l’intervention de crise :

A. Pression très forte pour imposer un rôle de « tout-puissant sauveur ».

B. Tentative pour déstabiliser l’intervenant en questionnant subtilement de l’anxiété et le doute sur sa compétence.

C. Possibilité de transferts « d’ondes » qui peuvent être néfastes de part et d’autre.
_________________________________________↑
ANXIETE ANXIETE ESPERANCE DE L’AIDE DE PAR RAPPORT
L’INTERVENANT A L’AIDE
_______________________


La personne survivante est obligée de prendre conscience de sa propre mort et le spectre du suicide de la personne va la hanter dans les efforts pour résoudre cette énigme.

Par conséquent, l’acte suicidaire est un renversement involontaire des rôles :
Le projet secret du suicidaire crée chez le survivant le rôle mythique du meurtrier.

Personnes a risque

· Les adolescents en crise ; consommation abusive de médicaments
· Jeunes adolescents ; plus fréquents mutilation
Comportement suicidaire est davantage le résultat de sentiments d’être rejetée et pas aimée.

Comportement suicidaire est du davantage à un sentiment de doute par rapport à leur masculinité, à leur adéquation en fonction de leur rôle.

Donc,


Expression des sentiments de désespoir

Importance


Rétablir communication dans la famille
Trouver un milieu substitut si difficultés persistent

· Adolescent
Jeunes adultes
Comportement suicidaire est le résultat de sentiments d’ennui du milieu familial/anxiété de la séparation (qui s’exprime davantage lors de périodes d’examen)

QUELQU’UN PAR SURMOI CULPABILITE

· Approche dyadique (Shneidman) [1969]
(interactionniste)

COMPORTEMENT
SUICIDAIRE MESSAGE → PERSONNE EXPEDIE SIGNIFICATIVE

DESIR DE TUER
QUELQU’UN DE ________↑
SIGNIFICATIF

Paradoxe du talion

JE VEUX TUER JE VEUX
LA PERSONNE X ME TUER

1. Le comportement suicidaire est un événement qui doit être compris comme étant un message visant une personne précise (qui est significative).

2. Il y a généralement une personne bien identifiée qui doit recevoir le message : par cette personne, l’acte suicidaire prend un sens.

3. Le contenu fondamental du message est de la colère.

4. La représentation symbolique de l’ »acting out » est essentiellement d’en arriver à tuer « vivant » la personne significative qui va avoir à survire.

- processus de stigmatisation (direct, délibéré et hostile) en victime de la personne qui va devoir survivre qui a comme objectif :
- s’assurer que la personne significative qui va survivre va vivre en ayant constamment à l’esprit la tragédie et le sentiment d’être responsable de cette tragédie (« sentiment d’être diminué »).

Syndrome du « survivant-victime »

INTERVENTION DE CRISE AUPRES DES SUICIDAIRES

Évaluation du risque (potentiel) et urgence suicidaires

· Les attitudes personnelles de l’intervenant par rapport au suicide / à la mort influencent le processus d’évaluation.
· L’aide de l’intervenant représente la vie par rapport au syndrome de l’ambivalence et va constituer un plan de prévention.
· L’évaluation du risque n’est pas le résultat d’une science exacte.
· La qualité de l’évaluation dépend de la quantité et la précision des informations recueillies
· Facteurs influençant le risque :
· Les femmes font plus de tentatives manquées.
· Les hommes font davantage de tentatives réussies. (davantage dues aux méthodes utilisées)
· Le risque augmente avec l’age; donc les hommes plus agés présentent plus de risque que les jeunes femmes.
· Se rappeler que les jeunes femmes et hommes peuvent faire un « acting out » même s’ils/elles désirent manipuler une personne significative.

Le plan suicidaire

· Dans quelle mesure la méthode retenue peut être mortelle? Ex. : arme a feu/médicament.

· Dans quelle mesure la méthode retenue donne du sens à la tentative?
Ex. : arme a feu/sans arme.

· Dans quelle mesure la méthode est spécifique et précise?
Ex. : plan détaillé/plan confus/plan distorsionné

Auxquels peuvent s’ajouter des sentiments de honte et d’embarras.

· Jeunes adultes

*Syndrome « Je ne peux vivre sans toi »
Relie à la rupture d’une relation amoureuse significative.

Importance du réseau social .
*La dépression du milieu de vie
*Syndromes habituels :
-insomnie
-perte d’appétit
-perte d’intérêt
-tristesse
-dévalorisation
-isolement
*Deux types

-Réactive : Résultat d’une situation de crise suite à un déséquilibre provoqué par un stresseur situationnel (perte).

-Endogène : Pas résultat d’une relation de cause à effet mais d’un ensemble de variables (importance de l’état de santé/facteur biochimique).

· La personne âgée

*Syndrome « Down and out » du à une perte réelle ou appréhendée de ses ressources intellectuelles et psycho-sociales.

-désorientation

Potentiel
· Le réseau social
· La qualité des relations dans le réseau (ouvert/fermé)
· Le support possible

Style de vie
· Dans quelle mesure son style de vie est stable/instable?
· Dans quelle mesure le comportement est aigu ou chronique?
Stresseur aigu crise aigue risque élevé
Chronocité crises répétées risque élevé

Relations interpersonnelles
· Existe-il des relations significatives avec des personnes de son réseau social?

Non, les possibilités de risques augmentent.
Oui, le risque diminue ou augmente dans la mesure ou les relations sont clairement définies.

Le comportement de la personne significative.
· Aidante
· Non aidante
· Manipulée

L’état de santé
· Dans quelle mesure l’individu est affecté plus ou moins par des problèmes de santé physique?

Le stresseur
· Importance du stresseur +-
Risque +- important
· Importance de la perception +-

Symptômes
Habituellement, comportement suicidaire est relié à un état dépressif.
· Symptômes généraux de dépression :
-perte d’appétit
-insomnie
-perte de poids
-perte d’intérêt
-isolement social
-désespoir
-dépendance
· Symptômes spécifiques, agitation :
-tension
-anxiété
-culpabilité
-manque de contrôle
-agitation
-colère/hostilité
(Si on ajoute l’usage de drogue et homosexualité et alcool) risque plus élevé

· Symptômes dépression + agitation : risque plus élevé
· Symptômes psychotiques :
-délires
-hallucinations
-perte de sensibilité
-perte de contact avec réalité

Règle générale : Ne pas forcer une entrée tant et aussi longtemps que la personne est consciente et est en mesure de parler malgré le fait que la personne est fermée.

Considérer que la personne suicidaire armée présente un potentiel homicidaire plus ou moins important.

Règle générale : Être sur ses gardes et ne rien faire qui puisse effrayer et/ou rendre soupçonneux et ne pas mettre sa vie en danger inutilement sous prétexte d’héroïsme.

Identifier le plus rapidement possible une personne significative pour la personne en difficulté et l’impliquer dans l’intervention rapidement.
Si une personne est trouvée inconsciente, appelez une ambulance ou tout autre moyen de transport d’urgence.

Réaliser une brève entrevue de crise dans le but d’évaluer les conditions particulières de la situation et de déterminer ce qui va se passer par la suite.

Règles générales :

· Réaliser les principales étapes d’une entrevue de crise sur place :
1. Se concentrer sur la prise de contact.
2. Évaluer le potentiel (risque suicidaire)
3. Élaborer des alternatives de solution
4. Identifier les ressources institutionnelles/
communautaires susceptibles d’être mises à contribution.

*Se rappeler que le but ultime de l’intervention est d’offrir de l’aide à la personne en difficulté.
*Être patient, intéresse, rassurant, confiant et intelligent dans ses propos et gestes.
*Être conscient que le temps est un allie précieux (ceci s’applique tout particulièrement à une situation de consommation abusive de drogues ou l’individu n’est pas dans un état comateux).

Évaluer le risque suicidaire selon les neufs facteurs d’évaluation. Règle générale : S’en tenir à la situation actuelle lors de l’évaluation.

Évaluer le potentiel de l’individu suicidaire et celui de son réseau social immédiat.
Règle générale : Axer et pousser l’attention sur les aspects positifs.
Se rappeler que si l’individu a tendance à accepter certaines directions que vous donnez à l’intervention, cela constitue un signe encourageant. Il en est de même pour certaines suggestions que vous pourrez faire.

Porter une attention spéciale en évaluant le risque suicidaire aux personnes qui ont consommé plus ou moins abusivement de l’alcool/drogues.
Règle générale : Se rappeler que les personnes sous influence de l’alcool/drogues sont moins en contrôle sur elles-mêmes donc plus sujettes à l’ « acting out ».

Si les résultats de l’évaluation du risque suicidaire présentent un risque élevé, les interventions suivantes doivent être faites :
· Faire en sorte qu’il y ait toujours quelqu’un auprès de la personne.
· Faire appel à un intervenant de deuxième ligne.
Règle générale : Le seul moment ou un individu suicidaire à haut risque ne doit pas être hospitalisé est celui ou la tentative et/ou le comportement suicidaire ne fait pas appel à une méthode dangereuse (armes) et quand les ressources du réseau social immédiat et élargi peuvent être mobilisées rapidement et efficacement.

samedi 20 octobre 2007

STOP ** CONFÉRENCE ** STOP: LE VODOU HAÏTIEN...DANS UNE SOCIÉTÉ MODERNE ET DÉMOCRATE


Par Pierre Eddy Constant


Université Laval, Québec

Le dimanche 4 novembre 2007

14h00

  • Le rapport aux esprits vodou est fait d'une grande intimité, de passion, de sensualité : on est vodouisant par amour.


  • Pourquoi le vodou est-il si mal connu?

  • Le vodou fait du bien au corps et à l'âme. Pourquoi? Comment?

  • Quelles sont les possibilités intéressantes du vodou pour le développement d'une société moderne et démocrate?

  • Quelles sont les limites et les contradictions du vodou qui l'empêchent de participer au développement d'une société moderne et démocrate?

lundi 15 octobre 2007

DOSSIER TOXICOMANIE

« Toxicomanie » toute personne qui consomme les psychotropes de manière « compulsive » et pour qui l’acquisition de ces substances est une activité principale.

L’alcoolisme, comme les autres conditions que l’on nomme « toxicomanies » n’est ni une maladie mentale ni une maladie tout court.

La qualité de la relation individu/substance ou individu/activité est, et reste, au premier rang et au centre du développement de la dépendance à l’alcool, à la nourriture, au travail, aux personnes et aux groupes.

S’il peut y avoir amélioration du fonctionnement personnel sans changement au niveau de la dépendance, on peut observer également que l’abstinence à tout prix peut s’accompagner d’une plus grande mésadaptation psychologique et sociale (Cormier, 1985).

La surconsommation d’alcool, de drogues illégales ou de médicaments psychotropes joue un rôle important dans beaucoup de problèmes physiques et sociaux, tels la maladie, la violence intentionnelle, la délinquance, et les problèmes conjugaux.

À la lumière de ces écrits, on a pu voir qu’il y a différents aspects à considérer dans l’évaluation du risque, tels la quantité consommée d’un produit ou de conduites particulières (intoxication aigüe, combinaison de produits).

Connaissances

· Connaître les principaux psychotropes consommés au Québec et leurs effets.

Attitudes

· Reconnaître le phénomène de la toxicomanie et l’intervention auprès des personnes incarcérées consommatrices de psychotropes comme porteurs de valeurs, d’émotions et de réactions possibles de la part des agents.

· Faire preuve d’ouverture d’esprit vis-à-vis des comportements de dépendance et le style de vie adopté par les personnes incarcérées consommatirces de psychotropes.

Habiletés

· Exprimer son opinion sur les questions personnelles et sociales que pose l’intervention auprès des personnes incarcérées consommatrices de psychotropes.

· Entrer en contact et établir une relation d’aide avec les personnes consommatrices de psychotropes et leur entourage.

· Poser des gestes préventifs afin de limiter la transmission du VIH, du VHB et du VHC au sein de la population carérale.

Psychotropes

Définition

Ce terme désigne toute substance xénobiotique (étrangère à l’organisme) qui en raison de sa composition chimique peut modifier le comportement d’un individu et dont l’action principale, ou l’une des actions principales, s’exerce sur le psychisme.

Psychotropes – Points de repère

Un psychotrope est un produit qui :

· agit sur le système nerveux central et autonome;

· a des effets sur la conscience ou le psychisme de l’individu et sur son comportement.

Variable influençant l’effet des psychotropes

· Poids et taille
· Pourcentage des masses lipidiques
· Sexe, âge
· État de santé général de l’usager (fièvre, déshydration, œdème, perturbations de l’équilibre ionique, diminution des fonctions rénales ou hépatiques)
· Circonstances entourant l’administration (lieu, stabilité psychologique et affective de l’usager, présence d’autres personnes)


Variables liées à la substance
. Absorption
· Mode, dose et fréquence d’administration
· Élimination
· Interaction entre les substances consommées
· Tolérance de l’usager

Classification des psychotropes – Points de repère

· Les tentatives pour mieux comprendre les psychotropes ont donné naissance, au fil des ans, à diverses formes de classification dans le but de favoriser la communication entre chercheurs.

· La classification proposée par Deniker (1966) comprend trois (3) catégories et des groupes de produits respectifs.

Ø Dépresseurs du système nerveux central :
Barbituriques, benzodiazépines (opiacés), solvants et produits volatils, alcool.

Ø Dépresseurs du système nerveux central :
Amphétamines et anorexigènes, cocaïne, xanthines, nicotine.

Ø Dépresseurs du système nerveux central :Cannabis et dérivés, hallucinogènes.

Tableaux synthèse – Références

Addiction research foundation of Ontario. (1985). Questionnaire sur les drogues. Toronto : Alcoholism and Drug Addiction Research.

Association des intervenants en toxicomanie du Québec. (1992). Ce qu’il faut savoir sur l’abus de drogues. Montréal : AOTQ.

Association des intervenants en toxicomanie du Québec (1992). Ce que vous devez savoir sur la cocaïne. Montréal : AITQ.

Fondation de la recherche sur la toxicomanie (1991 et 1992). De l’information en série…ou Renseignements sur…. Brochures d’information. Toronto : Fondation de la recherche sur la toxicomanie.

Giroux, C. (1994). « Cocaïne, crack et freebase ». L’intervenant, 10,2, p.6.

Kershaw-Bellemare, R. (1992). Problèmes de competence inhérents à la toxicomanie. Montréal : Hôpital St-Luc. Document non publié, tableau I : Substances/Drogues et implications des soins.

Maxence, J.L. (1993). Aide aux toxicomanes. Paris : Droguet et Ardent, pp. 220-25.

« Ce n’est pas la substance psychotrope qui fait la personne toxicomane, c’est plutôt la dépendance, qu’elle soit à l’héroïne, à la cocaïne, au cannabis ou à l’alcool. Après tout, la personne alcoolique peut aussi être considérée comme une personne toxicomane à part entière même si l’alcool est un produit socialement licite. Des pays comme le Canada ou les Etats-Unis n’hésitent pas à dire que dans le champ des toxicomanies à combattre, il faut considérer l’alcool et le tabac. Ce type d’approche globale a le mérite de replacer le phénomène-drogue dans l’ensemble d’une problématique de santé publique. »

Adaption d’un extrait du volume de J.L. Maxence (1993). Aide aux toxicomanes. Paris : Droguet et Ardant, p. 18.

Définition

Une définition très simple, celle du dictionnaire :

« Habitude de consommer une ou plusieurs substances susceptibles d’engendrer un état de dépendance psychique ou ou physique ».

Référence :
Le Petit Larousse illustré 1995. (1994). Paris : Larousse, p. 1020.

Plusieurs auteurs s’entendent pour concevoir la notion de toxicomanie telle que définie par l’OMS en 1969 :

« État d’intoxication périodique ou chronique engendré par la consommation répétée d’une drogue naturelle ou d’un produit de synthèse ».

Caractéristiques essentielles :

Ø besoin ou désir de continuer à consommer et à se procurer la drogue par tous les moyens;
Ø tendance à augmenter la dose initiale;
Ø Dépendance;
Ø effets nuisibles pour l’individu et la société.

Références :
Cormier, D. (1993). Toxicomanies : styles de vie. Montréal : Éditions du Méridien, p. 13 et 14.

Maxence, J.L. (1993). Aide aux toxicomanes. Paris : Droguet et Ardant, p. 16 et 17.

La toxicomanie est :

Ø un mode de vie;
Ø une manière de faire face à la vie;
Ø une façon d’interpréter ses expériences de l’enfance et de son environnement social.

La personne toxicomane est :

Ø un individu qui a adopté un mode de vie à la recherche de prise de drogues.

Références :
CQCS (1994). Programme de formation pour la prévention de la transmission du VIH chez les usagers de drogues par injection : « Toxicomanie et Sida : aiguillons nos interventions! ». Cahier II. Québec : MSSS, p. 111.

Dépendance ou assuétude

La notion de dépendance est un concept clé dans le domaine de la toxicomanie. Le terme assuétude est privilégié et s’avère un synomyme.

La dépendance ou l’assuétude se caractérise par :

Ø un besoin impérieux chez un individu à consommer malgré les problèmes significatifs engendrés;des conséquences de la consommation sur plusieurs aspects de la vie de l’individu (vie sociale, familiale, professionnelle).

Références :
CQCS (1994). Programme de formation pour la prévention de la transmission du VIH chez les usagers de drogues par injection : « Toxicomanie et Sida : aiguillons nos interventions! ». Cahier II. Québec : MSSS, p. 111.

Faits

Généralités

La personne toxicomane a passé une partie de son existence à refuser de vivre ce que la vie avait à lui offrir.

La personne toxicomane n’arrive jamais seule à une demande d’aide.

La demande d’aide n’est pas pour cesser la consommation mais plutôt pour arrêter la souffrance.

La personne toxicomane donne une demande au thérapeute et elle veut que tout se déroule à sa manière.

Références :
Notes personnelles des conférences prononcées les 18 et 19 mars 1995 dans le cadre du Colloque 15è anniversaire Certificat en toxicomanies (Faculté de l’Éducation permanente, Université de Montréal).

“La règle des 5 D”

Déni :
La personne toxicomane nie sa condition

Défi :
La personne toxicomane pose des défis au thérapeute.

Délit :
La personne toxicomane peut commettre des délits pour subvenir à ses besoins de consommation.

Désengagement :
La personne toxicomane s’est exclue de la société.

Dépression :
La personne toxicomane, lorsqu’elle prend conscience qu’elle n’a pas de réalisations concrètes dans sa vie, sombre dans un état dépressif.

Références :
Notes personnelles des conférences prononcées les 18 et 19 mars 1995 dans le cadre du Colloque 15è anniversaire Certificat en toxicomanies (Faculté de l’Éducation permanente, Université de Montréal).

Type de relation interpersonnelle

La personne toxicomane emprunte fréquemment un type de relation interpersonnelle de dépendance :

Ø Les attentes sont irréalistes ou magiques (l’autre nous changera, nous améliorera);

Ø Le manque d’honnêteté (la relation sera détruite si l’autre apprend tout à notre sujet);
Le contrôle (le maintien de la relation est obsédant, un contrôle sur l’autre est exercé pour ne pas être abandonnée).

Références :
Champagne, D. (1995). Caractéristiques d’une relation de dépendance. Notes transmises dans le cadre de la formation : « Toxicomanie et Sida, aiguillons nos interventions! ». Document non publié.

Faits

Éléments à considérer chez la personne toxicomane qui requiert des services de santé


La personne toxicomane a tendance à cacher sa consommation aux intervenants par crainte :
Ø d’être jugée;
Ø d’être traitée différemment des autres personnes;
Ø d’être dénoncée aux autorités policières.

Références :
McCaffey, M. et Vourakis, C. (1992). « Assessment and relief of pain in chemically dependent patients ». Orthopaedic Nursing, 11, 2, p. 18.
Éléments à considérer chez la personne toxicomane qui requiert des services de santé (suite)

La personne toxicomane hospitalisée, considérant qu’elle ne peut plus contrôler sa consommation :
Ø Devient anxieuse;
Ø Anticipe les symptômes de sevrage;
Ø Craint qu’aucun traitement ne lui sera offert pour pallier à ses symptômes de sevrage.

Références :
McCaffey, M. et Vourakis, C. (1992). « Assessment and relief of pain in chemically dependent patients ». Orthopaedic Nursing, 11, 2, p. 18.

Pièges

Vouloir les aider à tout prix envers et contre eux.

Réparer symboliquement tout le mal qu’ils ont vécu.
Argumenter, leur faire entendre raison.
Être complaisant, inhibé pour éviter les conflits.
Vouloir les contrôler, modifier leurs comportements.
Répondre à leur commande, leur désir plutôt qu’aux besoins réels.

Références :
Notes personnelles des conférences prononcées les 18 et 19 mars 1995 dans le cadre du Colloque 15è anniversaire Certificat en toxicomanies (Faculté de l’Éducation permanente, Université de Montréal).

Pistes d’intervention – Points de repère

Identifier ses valeurs, ses émotions et ses réactions.
Croire au potentiel de la personne.
Fixer les règles et les limites de l’intervention.
Éviter toute confrontation à une situation anxiogène.
Amener la personne à prendre conscience de ses choix et de ses décisions.
Transmettre un message de prévention positif.

Être disponible.

Références :
Notes personnelles des conférences prononcées les 18 et 19 mars 1995 dans le cadre du Colloque 15è anniversaire Certificat en toxicomanies (Faculté de l’Éducation permanente, Université de Montréal).

Soulagement optimal de la douleur

Étude américaine


Les résultats d’une étude menée auprès de 8 patients atteints d’un cancer et ayant une histoire de consommation de psychotropes IV, mais ayant cessé pour plus d’un an, ont démontré que :

Ø 5 des personnes n’ont pas été soulagées adéquatement car les intervenants craignaient une dépendance.

Références :
Macaluso, D., Weinberg, D. et Foley, K.M. (1988). « Opioid abuse and misuse in a cancer pain population ». Journal of pain and symptom Management, 3,3, S24.

Soulagement optimal de la douleur

Obstacles


Manque de connaissances
Divergence de perceptions
Obstacles d’ordre institutionnel
Attitude autoritaire (évaluation subjective de l’intervenant)
Absence d’une concertation interdisciplinaire
Persistance de plusieurs mythes (morphine administrée en phase terminale seulement, absence de douleur pendant le sommeil ou lorsque la personne est souriante ou encore lorsque les signes vitaux se situent selon les limites normales).

Références :
Foucault, C. (1995). Évaluation de la douleur, Notes personnelles de la conférence prononcée dans le cadre de la rencontre des infirmières des UHRESS et des Centres hospitaliers satellites, le 17 mars 1995.

Soulagement optimal de la douleur

Études américaine


Les résultats d’une étude menée auprès de 8 patients atteints d’un cancer et ayant une histoire de consommation de psychotropes IV, mais ayant cessé pour plus d’un an, ont démontré que :

Ø 5 personnes n’ont pas été soulagées adéquatement car les intervenants craignaient une dépendance.

Références :
Macaluso, D., Weinberg, D. et Foley, K.M (1988). Opioid abuse and misuse in a cancer pain population ». Journal of pain and symptom Management, 3, 3, S24.
Soulagement optimal de la douleur

Obstacles


Manque de connaissances
Divergence de perceptions
Obstacles d’ordre institutionnel
Attitude autoritaire (évaluation subjective de l’intervenant)
Absence d’une concertation interdisciplinaire

Persistance de plusieurs mythes (morphine administrée en phase terminale seulement, absence de douleur pendant le sommeil ou lorsque la personne est souriante ou encore lorsque les signes vitaux se situent selon les limites normales).

Références :
Foucault, C. (1995). Évaluation de la douleur, Notes personnelles de la conférence prononcée dans le cadre de la rencontre des infirmières des UHRESS et des Centres hospitaliers satellites, le 17 mars 1995.

Soulagement optimal de la douleur

Considérations spécifiques


· La notion de tolérance est un concept clé à considérer dans le but de favoriser le soulagement optimal de la douleur chez les personnes toxicomanes.

· Des doses croissantes ou plus fréquentes d’un produit psychotropes peuvent s’avérer nécessaires pour alléger les souffrances.

· De manière générale, la personne toxicomane, en raison de sa tolérance, métabolise plus rapidement les psychotropes.

Soulagement optimal de la douleur

Stratégies thérapeutiques chez les personnes consommatrices de psychotropes


· Prévenir les symptômes de sevrage :
Ø Collecte des données;
Ø Langage adapté au vocabulaire de la personne (voir Lexique toxicomanie – Section VIII).
· Accepter et respecter l’évaluation faite par la personne quand à la douleur éprouvée malgré les doutes :
Ø Évaluation de la douleur à l’aide d’une échelle analogique (thermomètre de la douleur);
Ø Documentation de l’évaluation de la douleur au formulaire prévu au dossier de l’usager.
· Soulager la douleur :
Ø Information à la personne des médicaments prescrits, de la dose et de la fréquence d’administration (diminue l’anxiété chez la personne);
Ø Administration des médicaments (bon analgésique, bonne dose et favoriser un horaire fixe plutôt qu’au besoin);
Ø Nécessité possible de dose plus élevée en raison de la tolérance.

Références :
McCaffery, M. et Vourakis, C. (1992). « Assessment and relief of pain in chemically dependent patients" » Orthopaedic Nursing, 11, 2, pp. 20-24.

Soulagement optimal de la douleur

Médicaments déconseillés chez les personnes consommatrices de psychotropes


Mépérine (Démérol)
Ø Ce médicament, en plus d’être connu comme ayant peu d’effets pour soulager les douleurs chroniques, libère de la normépéridine qui stimule le système nerveux central.
Ø L’accumulation de la normépéridine dans l’organisme occasionne, à long terme, des crises convulsives.

Promethazine (Phénergan)
Ø Ce médicament peut potentialiser l’effet de certains analgésiques narcotiques (opiacés).

Références :
McCaffery, M. et Vourakis, C. (1992). « Assessment and relief of pain in chemically dependent patients" » Orthopaedic Nursing, 11, 2, pp. 20-24.

Schmitz, D. (1990). « When IV drug abuse complicates AIDS ». RN, 53, 1, p. 65. Soulagement optimal de la douleur

Médicaments déconseillés chez les personnes consommatrices de psychotropes (suite)

· Pour les personnes connues dépendantes à la morphine, à l’héroîne ou à d’autres narcotiques (opiacés) de type morphinique, les médicaments suivants sont déconseillés :

Ø Pentazocine (Talwin);
Ø Butorphanol (Stadol);
Ø Nalbuphine (Nubain).

· Tous ces médicaments occasionnent des symptômes de sevrage sévères.

Références :
McCaffery, M. et Vourakis, C. (1992). « Assessment and relief of pain in chemically dependent patients" » Orthopaedic Nursing, 11, 2, pp. 22.

Soulagement optimal de la douleur

Médicament de choix pour toutes les personnes consommatrices de psychotropes
Morphine

· Ce médicament demeure l’analgésique (opiacé) de choix pour favoriser le soulagement optimal de la douleur chez tout individu.

Références :
McCaffery, M. et Vourakis, C. (1992). « Assessment and relief of pain in chemically dependent patients" » Orthopaedic Nursing, 11, 2, pp. 22.

Signes physiques ou psychologiques de sevrage

Généralités

Les principaux signes de sevrage possibles sont :

Ø Anxiété
Ø Insomnie
Ø Diaphorèse
Ø Frissons
Ø Fièvre
Ø Dairrhée
Ø Tachycardie
Ø Tachypnée
Ø Dilatation des pupilles

Références :
Relf, M.V. (1993). « Surgical intervention for tricuspid valve endocarditis : vegetectomy, valve excision, or valve replacementÉ? ». The Journal of Cardiovascular Nursing, 7, 2, p. 76.

Signes physiques ou psychologiques de sevrage

Généralités


· En période de désintoxication, la personne :

Ø Est uniquement concentrée sur le « ici et maintenant » (aujourd’hui elle ne consomme pas, demain, on verra);
Ø Est préoccupée par le fait qu’elle devra retourner dans le même contexte culturel que lorsqu’elle consommait;
Ø Craint les rechutes.

Références :
Riou, C. (1993). Groupe sur la prévention des rechutes auprès des femmes toxicomanes en sevrage médical. Rapport de stage en vue de l’obtention du Grade de Maître et Sciences. Faculté des sciences infirmières, Université de Montréal, p. 5.

Rechutes

Principales données


· Selon trois auteurs américains (Marlatt, 1985; Prochaska et DiClemente, 1984) :
Ø La plupart des personnes toxicomanes qui font une rechute maintiennent leur désir de cesser de consommer;
Ø Plus de 84% de ces personnes pensent sérieusement à s’abstenir selon un délai d’un an suivant la rechute.

· D’autres auteurs (Gawin et Kleber, 1987), d’après les résultats de leur étude menée auprès de pesronnes toxicomanes, observent :
Ø La phase de sevrage est la période cruciale pour la prévention des rechutes.

Références :
Riou, C. (1993). Groupe sur la prévention des rechutes auprès des femmes toxicomanes en sevrage médical. Rapport de stage en vue de l’obtention du Grade de Maître et Sciences. Faculté des sciences infirmières, Université de Montréal, p. 5.
Rechutes

Déterminants

· Marlatt (1985) propose deux types de déterminants regroupant des situations à risque associées aux rechutes :

Ø Déterminants intrapersonnels / environnementaux : frustration, colère, anxiété, dépression, ennui, proximité des lieux de consommation, fréquentation de consommateurs de psychotropes;
Ø Déterminants interpersonnels : présence et influence de d’autres consommateurs de psychotropes, pression sociale.

Références :
Riou, C. (1993). Groupe sur la prévention des rechutes auprès des femmes toxicomanes en sevrage médical. Rapport de stage en vue de l’obtention du Grade de Maître et Sciences. Faculté des sciences infirmières, Université de Montréal, p. 24 et 25.

Rechutes

Prévention – Les groupes d’entraide


· Une intervention de groupe s’avérerait efficace pour prévenir les rechutes chez les personnes toxicomanes.

· Selon Murray et Zentner (1979), les groupes d’entraide permettent aux participants :
Ø D’exprimer leurs émotions et leurs sentiments;
Ø D’acquérir des habiletés à communiquer et à socialiser;
Ø De développer des habitudes de vie orientées vers le maintien et la promotion de la santé.

Références :
Riou, C. (1993). Groupe sur la prévention des rechutes auprès des femmes toxicomanes en sevrage médical. Rapport de stage en vue de l’obtention du Grade de Maître et Sciences. Faculté des sciences infirmières, Université de Montréal, p. 34.

Groupes d’entraide
L’approche des alcooliques anonymes


· Conception de la toxicomanie au sein du mouvement :
Ø La consommation de psychotropes est une maladie progressive et irréversible;
Ø La personne toxicomane a perdu l’habileté à contrôler sa consommation;
Ø La personne toxicomane est différente des consommateurs occasionnels dans son corps et dans son esprit;
Ø La personne toxicomane souffre d’une maladie spirituelle, d’une atteinte dans son intériorité.

Références :
Major, S. (1989). Étude descriptive de différentes approches d’interventions en toxicomanie au Québec. Montréal : Association des intervenants en toxicomanie du Québecd, p. 17 et 18.
Groupes d’entraide

L’approche des alcooliques anonymes (suite)


· Buts recherchés par le mouvement chez les membres :
Ø Vivre une abstinence totale;
Ø Appliquer un mode de vie spirituel dans le quotidien;
Ø Apporter un soutien aux autres alcooliques.

· Atteinte des buts selon un cheminement comprenant 12 étapes. Ces étapes se résument comme suit :
Ø La personne toxicomane doit se reconnaître malade et impuissante;
Ø La personne toxicomane peut, ensuite, vivre une expérience spirituelle où une puissance supérieure l’aidera à devenir sobre;
Ø La personne toxicomane applique, en dernier lieu, le principe d’entraide (elle est la mieux placée pour en aider une autre).

Références :
Major, S. (1989). Étude descriptive de différentes approches d’interventions en toxicomanie au Québec. Montréal : Association des intervenants en toxicomanie du Québecd, p. 18.
Groupes d’entraide

L’approche des alcooliques anonymes – Un mouvement mondial

· Depuis la dernière guerre mondiale, la structure et la philosophie des Alcooliques Anonymes ont inspiré d’autres groupes qui ont adopté leurs 12 étapes.
Ø Cocaïnomanes Anonymes
Ø Dépendants sexuels Anonymes
Ø Émotifs Anonymes
Ø Gamblers Anonymes
Ø Narcomanes Anonymes
Cette association ne s’identifie pas à une substance unique. Elle met plutôt l’accent sur la dépendance : alcool, médicaments vendus selon une ordonnance médicale ou autres psychotropes
Ø Outremangeurs anonymesEn 1991, un million de personnes participent, chaque semaine au Canada et au Québec, à des groupes anonymes.

Références :
Harvey, C. et Marcil, C. (1992). « Dossier : Ah, ces anonymes ». Santé Société, 14, 2, pp. 19, 20 et 30.

Groupes d’entraide

Des groupes anonymes pour les parents ou les amis de consommateurs de psychotropes


· Différents groupes d’entraide anonymes, constitués selon l’approche des Alcooliques Anonymes (12 étapes) mais indépendants de cet organisme, apportent soutien et réconfort à l’entourage des consommateurs de psychotropes.
Ø Al-Anon (Entraide à l’entourage affecté par des rapports étroits avec une personne qui a un problème d’alcool).
Ø Alateen (Sous-groupe de Al-Anon offrant des services aux « teen-agers » c’est-à-dire les adolescents et les jeunes adultes en liaison avec des personnes alcooliques).
Ø EADA – Enfants adultes d’alcooliques (Regroupement des adultes provenant de familles dont l’un des membres éprouve ou a connu un problème de dépendance à l’alcool).
Ø Nar-Anon (Groupe pour les personnes vivant un sentiment de désespoir face à un problème de dépendance aux psychotropes chez un parent ou un ami).
· Différents groupes d’entraide anonymes, constitués selon l’approche des Alcooliques Anonymes (12 étapes) mais indépendants de cet organisme, apportent soutien et réconfort à l’entourage des consommateurs de psychotropes.
Ø Al-Anon (Entraide à l’entourage affecté par des rapports étroits avec une personne qui a un problème d’alcool).
Ø Alateen (Sous-groupe de Al-Anon offrant des services aux « teen-agers » c’est-à-dire les adolescents et les jeunes adultes en liaison avec des personnes alcooliques).
Ø EADA – Enfants adultes d’alcooliques (Regroupement des adultes provenant de familles dont l’un des membres éprouve ou a connu un problème de dépendance à l’alcool).
Ø Nar-Anon (Groupe pour les personnes vivant un sentiment de désespoir face à un problème de dépendance aux psychotropes chez un parent ou un ami).
· Différents groupes d’entraide anonymes, constitués selon l’approche des Alcooliques Anonymes (12 étapes) mais indépendants de cet organisme, apportent soutien et réconfort à l’entourage des consommateurs de psychotropes.
Ø Al-Anon (Entraide à l’entourage affecté par des rapports étroits avec une personne qui a un problème d’alcool).
Ø Alateen (Sous-groupe de Al-Anon offrant des services aux « teen-agers » c’est-à-dire les adolescents et les jeunes adultes en liaison avec des personnes alcooliques).
Ø EADA – Enfants adultes d’alcooliques (Regroupement des adultes provenant de familles dont l’un des membres éprouve ou a connu un problème de dépendance à l’alcool).
Ø Nar-Anon (Groupe pour les personnes vivant un sentiment de désespoir face à un problème de dépendance aux psychotropes chez un parent ou un ami).
· Différents groupes d’entraide anonymes, constitués selon l’approche des Alcooliques Anonymes (12 étapes) mais indépendants de cet organisme, apportent soutien et réconfort à l’entourage des consommateurs de psychotropes.
Ø Al-Anon (Entraide à l’entourage affecté par des rapports étroits avec une personne qui a un problème d’alcool).
Ø Alateen (Sous-groupe de Al-Anon offrant des services aux « teen-agers » c’est-à-dire les adolescents et les jeunes adultes en liaison avec des personnes alcooliques).
Ø EADA – Enfants adultes d’alcooliques (Regroupement des adultes provenant de familles dont l’un des membres éprouve ou a connu un problème de dépendance à l’alcool).
Ø Nar-Anon (Groupe pour les personnes vivant un sentiment de désespoir face à un problème de dépendance aux psychotropes chez un parent ou un ami).

Références :
Harvey, C. et Marcil, C. (1992). « Dossier : Ah, ces anonymes ». Santé Société, 14, 2, pp. 38-42.

A
Abus : Excès, dans le sens courant (usage mauvais, excessif). À titre d’exemple, l’abus de médicaments vendus selon une ordonnance médicale.

Accoutumance (voir aussi tolérance) : Mot retenu, dès 1957, par l’OMS pour définir un état de dépendance aux drogues. Terme pratiquement abandonné aujourd’hui. L’accoutumance, dans sa signification actuelle, est plutôt la diminution progressive des effets pharmacodynamiques d’une drogue. C’est l’accoutumance qui incite le sujet à augmenter toujours davantage les doses.

Considéré comme désuet et parfois même source de confusion, ce terme est d’ordinaire remplacé par le concept plus précis de pharmacodépendance.

Accroché : Se dit d’une personne en état de dépendance psychologique ou physique vis-à-vis d’un produit psychotrope. La personne toxicomane dit couramment : « je suis accroc ». Notons le synonyme anglo-saxon : « to be hooked ».

Acide : Argot, désigne le dérivé de l’acide lysergique, diéthylamide, connus sous le nom de LSD.

Anxiolytique : Produit chimique. Il s’agit de benzodiazépines, le plus fréquemment. La toxicomanie liée à ces produits est très répandue et concerne toutes les classes d’âge. Elle passe en général inaperçue, sauf s’il y a potentialisation par l’alcool.

B
Bad trip : Argot, synonyme de mauvais voyage. Réactions désagréable à l’effet d’une drogue.
Blanche : Argot, anciennement synonyme de cocaïne. Essentiellement : nom donné à la poudre, à l’héroïne principalement lorsqu’elle est très pure en opposition aux drogue qui contiennent d’autres produits.

Bolosse : Argot ou verlan, synonyme d’acheteur de drogue (terme tiré du film « La haine » de Mathieu Kassovitz, prix de la mise en scène « Cannes 95 ».

Booting : Argot, désigne une technique d’injection et de partage d’un mélange de drogue et de sang.

Brown sugar : Argot, mélange complexe et variable de drogues : amphétamines, héroïne mal raffinée, strychnine et autres.

Buvard : Argot, désigne une prise de LSD (quelques gouttes de solution sont déposées sur un petit morceau de buvard, qui est ensuite sucé).
Buzz : Argot, désigne ce que l’on ressent lorsque la drogue a un effet doux, mais constant, comme celui du cannabis.
C
Cap : Argot, synonyme de capsule de drogue.

Chichon : Argot ou verlan, synonyme de haschisch (terme tiré du film : « La haine » de Mathieu Kassovitz, prix de la mise en scène, « Cannes 95 ».

Clean : Argot, synonyme de sevré.

Coca : Terme désignant la feuille de cocaîer (arbuste d’Amérique du Sud) dont on extrait la cocaïne. La feuille se chique dans les pays de production afin de combattre la fatigue, la faim et le froid.

Cocktail : Mélange de plusieurs produits, réalisé par la personne toxicomane elle-même. Le plus souvent, il s’agit d’un mélange opiacé-amphétamines.

Coco, coke : Argot, synonyme de cocaïne.

Communauté thérapeutique : Terme recouvrant en général une grande diversité de structures mais désignant souvent un modèle de prise en charge pour personnes toxicomanes. La notion clé de la communauté thérapeutique est celle de programme thérapeutique. La prise en charge vise à conditionner les personnes toxicomanes pour qu’elles adoptent de nouveaux comportements (vie communautaire, tâches hiérarchisées, etc.).

Couper : Argot, désigne : ajouter et mélanger un produit à la drogue initiale.

Crack (ou aussi caillou) : Cocaïne mélangée avec de l’eau chauffée et du bicarbonate de soude. On transforme le chlorhydrate (poudre blanche) en carbonate (les cailloux) que l’on fume le plus souvent. Le crack a fait son apparition à Montréal depuis la fin des années 1980.

Crank : Produit stimulant hallucinogène (à ne pas confondre avec le crack). Le « crank », autre nom des « speeds » vendus au détail, se présente sous forme de comprimés ou de capsules.
D
Dealer : Argot, synonyme d’approvisionner, de revendeur ou de petit trafiquant.

Décrocher : Argot, signifie : arrêter de se droguer.

Délire : Ensemble de conceptions ou de croyances qui s’écartent du sens commun et dont l’élaboration est liée à la prédominance pathologique des données subjectives sur les données objectives.

Dépendance ou assuétude : La dépendance ou assuétude est caractérisée par un besoin impérieux qui pousse l’individu à consommer un psychotrope en dépit des effets nocifs qui y sont associés et qui ont incidence sur plusieurs aspects de sa vie (vie sociale, familiale, professionnelle). Les paramètres de la dépendance sont exposés de façon globale dans le DSM-III-R. On parle de dépendance lorsqu’on observe trois des paramètres suivants sur une période d’au moins trois mois, et de façon répétitive sur une longue période de temps :
· Consommation importante d’un psychotrope ou sur une période supérieure à l’intention initiale;
· désir persistant ou tentative(s) infructueuse(s) de réduction ou de contrôle de l’usage d’un psychotrope;
· le sujet consacre un temps considérable à l’obtention de la substance, à sa consommation ou à la récupération de ses effets;
· symptômes d’intoxication ou de sevrage se manifestant fréquemment quand le sujet a des psychotopes;
· poursuite de l’usage de psychotropes malgré la connaissance de problèmes physiques, sociaux ou psychologiques causés ou exacerbés par ces substances;
· tolérance marquée;
· présence de symptômes de sevrage caractéristiques;
· substance consommée souvent dans le but d’éviter ou d’atténuer les symptômes de sevrage.

La plupart des individus qui présentent des symptômes de dépendance sont dans l’impossibilité de revenir à une consommation modérée. C’est pourquoi, dans un processus de réadaptation, on recommande l’abstinence.
Dépendance physique : Besoin physiologique irrésistible résultant de l’absorption continuellement répétée d’une drogue.

État adaptatif d’un consommateur dont l’organisme a besoin d’une drogue pour fonctionner, étant habitué à sa présence dans le sang.

L’arrêt brusque de l’administration de la drogue entraîne l’apparition de troubles physiques appelés symptômes de sevrage ou état de manque.

Dépendance psychologique (psychique) : État d’un consommateur qui affiche une obsession en regard de la consommation de drogue.

Cet état est caractérisé par une envie intense de consommer et de sentir les effets de la drogue. Il est variable suivant le produit et l’usager.

État dans lequel existe un besoin psychique irrésistible de faire un usage périodique ou continu de psychotrope, sans quoi un sentiment de vide et de désespoir s’installe. La consommation entraîne une satisfaction qui exige l’administration périodique ou continue de la drogue pour se maintenir ou pour l’évitement d’un malaise.

La dépendance physique est un puissant agent de renforcement de l’influence de la dépendance psychique en cas de continuation de l’usage de la drogue ou de rechute après une tentative de sevrage.

Descente : Argot, synonyme de reprise de contact avec la réalité. Retour à l’état hors drogue.

Désintoxication : Action par laquelle l’organisme se débarrasse ou est débarrassé des toxines qui l’imprègnent. Synonyme de sevrage.

Dopage : Action de prendre des stimulants ou d’en administrer en vue d’améliorer une performance, de se surpasser. Le dopage des sportifs est combattu avec véhémence notamment par le biais de dépistages dans les urines.
Dope : Argot, désigne les drogues en général.

Dose : Quantité de drogue administrée en une fois.

Down : Argot, désigne le sentiment de dépression consécutif à l’usage de la drogue. Cet état dépressif suit celui d’euphorie ou d’excitation engendré par certaines substances.

Drogue : Toute substance naturelle ou synthétique qui, de par sa composition chimique, peut modifier la structure ou le fonctionnement d’un être vivant, en altérant ses réactions physiologiques et psychologiques.

Drogue illicite : Substance vendue ou procurée illégalement en vertu des lois nationales (ex. : cannabis et dérivés, cocaïne, héroïne).

Drogue illicite : Substance vendue ou procurée illégalement en vertu des lois nationales (ex. : cannabis et dérivés, cocaïne, héroïne).

Drogue licite : Substance dont la vente est permise selon la loi (ex. : alcool, tabac).

E
Ecstasy, Adam, pilule d’amour ou XTC : Argot, désigne la substance chimique MDMA (dérivé d’amphétamines). Le MDMA a été utilisé pendant plusieurs années pour le traitement de la dépression. Cette poudre procurerait les bienfaits du LSD sans ses inconvénients. Elle apporte une vive sensation d’euphorie de même qu’une forte augmentation de la libido. Cette substance a récemment fait son apparition à Montréal et s’avère très populaire chez les jeunes.
F
Fix, Hit, Shoot : Injection d’héroïne (blanche le plus souvent) ou d’autres drogues telles la cocaïne, l’alcool ou les stéroïdes mélangée à de l’eau ou du jus de citron. Le terme hit désigne en général une injection plus violente dont l’effet est plus intense.

Flash : Argot, signifie subir le premier effet après l’ingestion de drogue.

Flashback ou récurrence : Argot, désigne la répétition ou le brusque retour des effets d’une drogue sans nouvelle administration du produit. Ce phénomène se retrouve surtout chez les personnes qui ont longtemps consommé du LSD.

Flûte : Argot, désigne une seringue hypodermique (type de seringue distribuée dans les centres d’accès aux seringues).

Freebase : Argot, désigne le procédé d’extraction de la cocaïne pure du produit dilué acheté chez le pusher. La poudre blanche ainsi obtenue est ensuite fumée dans une pipe à eau. Les vapeurs respirées provoquent en quelques secondes une secousse quasi-orgasmique (rush) de très courte durée.

La « Freebase » s’avère un mélange de cocaïne, d’ammoniaque et d’eau chauffée.
H
Hallucination : Perception imaginaire en l’absence d’un stimulus extérieur (perception sans objet ).

Hallucinose : Pseudo-hallucination, perception sans objet et sans croyance délirante, au cours de laquelle le sujet a conscience du caractère pathologique de cette perception.

Hasch, H, cube, dime : Argot, synonyme de haschich, l’un des dérivés du cannabis. On appelle haschich la résine de la plante cannabis sativa ou chanvre indien, elle exsude des feuilles de la plante au moment de la floraison. On la racle, puis on la presse en blocs. C’est surtout dans cette résine qu’est présent le tétrahydrocannabinol ou THC, principal agent chimique responsable de l’action psychotrope du cannabis. Habituellement, le haschich se fume, souvent mêlé à tu tabac ou dans des pipes à eau particulières (narghilé).

L’usage occasionnel du haschich ne conduit pas nécessairement à la dépendance. Cependant, la situation, si elle doit être dédramatisée, ne doit pas non plus, et loin de là, être banalisée. Il semble que bon nombre d’adolescents qui commencent à fumer du cannabis entrent dans un contexte de vie à haut risque.

Héro, horse : Argot, désigne l’héroïne.

High : Argot, désigne l’état euphorique atteint sous l’influence des drogues.

Hit total : Argot, désigne l’administration intraveineuse d’un mélange de sang, contaminé par le VIH, dilué la plupart du temps avec de la cocaïne. Les seringues ainsi contaminées sont vendues à prix élevé. Les acheteurs aux prises avec un « mal de vivre » accourent vers ces seringues s’avérant une forme de garantie de les délivrer de leur souffrance.
I
Ice : Argot, désigne un mélange de cocaïne et de phencyclidine (PCP). Le « Ice » pourrait devenir une drogue populaire sur le marché montréalais selon certaines sources policières.
Le terme « Ice » est employé en raison de la ressemblance de la substance à un bonbon clair, de la glace ou un morceau de verre.
J
Joints : Argot, réfère à une grosse cigarette faite de deux ou quatre feuilles de papier à cigarette collées. Elle est bourrée de tabac mélangé à de la marijuana ou du haschich (dérivés du cannabis). Les fumeurs assis se passent cette cigarette et chacun, à son tour, inhale quelques bouffées de fumée qu’il avale.

Junkie : Argot, désigne une personne qui consomme une drogue par injection. Plus particulièrement, une personne consommatrice d’héroïne.
L
Lactose : Sucre utilisé pour couper l’héroïne.

Ligne : Argot, réfère à la consommation de la cocaïne sous forme de poudre. La poudre est disposée comme un trait (ligne) et inhalée au moyen d’un tube ou d’une paille (« tirer une ligne »).
M
Mesc : Argot, synonyme de mescaline, ingrédient actif du cactus peyotl que l’on ne retrouve pour ainsi dire jamais sur le marché noir qui lui substitue le PCP.

Méthadone : Narcotique synthétique (opiacé de synthèse) utilisé pour le traitement des surconsommateurs d’opiacés, principalement l’héroïne.

La méthadone supprime les symptômes de sevrage. L’injection d’héroïne est remplacée par une dose équivalente de méthadone prise par voie buccale. Cette dose est ensuite réduite pendant une période de dix à quatorze jours, puis les toxicomanes sont stabilisés avec une dose d’entretien. Cette stabilisation a une durée variable de six mois à deux ans. Il a été démontré que les programmes de méthadone sont inefficaces s’ils ne sont pas accompagnés d’un suivi thérapeutique.

Mush, mushrooms : Argot, synonyme de champignons magiques, psilocybine.
N
Neige (snow) : Argot, synonyme de cocaïne.
O
O.D. : Argot, synonyme de overdose, surdosage.

Overdose : Absorption d’une trop grande quantité de drogue (en français, on emploie le terme surdosage).
P
PCP : De son vrai nom phencyclidine, le PCP fut initialement breveté comme anesthésique, en 1958, puis abandonné chez l’humain pour être confiné au domaine vétérinaire, à partir de 1967. Il se retrouve depuis comme produit de synthèse illicite de type hallucinogène, rarement identifié comme tel sur le marché noir où on le fait passer pour du LSD (acide) ou de la mescaline (mesc).

Placebo : Agent dépourvu d’efficacité thérapeutique objective mais pouvant agir par un mécanisme psychologique ou psychophysiologique si le sujet croit recevoir un traitement actif. Il s’agit donc d’une substance pharmacologiquement inerte.

Une réponse placebo est la capacité que possède une personne de répondre à un traitement placebo.

Point : Argot, désigne un dixième de gramme d’héroïne. Le terme « point » est donc réservé à l’héroïne.

Les consommateurs d’héroïne vont acheter la substance en se référant au mot « point » et vont calculer leur dose quotidienne également en terme de « point ». Les consommateurs de cocaïne, de cannabis et ses dérivés utilisent le terme « gramme ».

Polytoxicomanie : Dépendance à plus d’un produit psychotrope ou consommation concomittante de plusieurs psychotropes.

Poppers : Nom populaire donné pour les ampoules de nitrates d’amyle ou de butyle. Ce nom est employé puisque un bruit de bouchon qui saute (« pop ») se fait entendre lorsque l’ampoule est brisée.
Ces produits sont inhalés. Ils sont surtout consommés dans les bars, discothèques, ou lors d’activités sexuelles. Ils produisent un « rush » instantané en raison de leurs effets vasodilatateurs importants.
Pot, herbe, gazon, mari, Marie-Jeanne : Argot, désigne la marijuana l’un des dérivés du cannabis. Ce dérivé comme les deux autres dérivés du cannabis (haschich et huile de hasch) proviennent du chanvre indien, une plante qui pousse dans plusieurs régions du monde.

Poudre : Argot, désigne la cocaïne ou l’héroïne.

Pusher : Argot, synonyme de vendeur de drogues.
Q
Quart : Argot, désigne un quart de gramme. Ce terme est généralement applicable à la cocaïne, au cannabis et ses dérivés.
R
Rush : Expérience intense vécue dans les secondes suivant l’injection d’une drogue, au moment ou celle-ci a un effet immédiat et très prononcé, comme celui de la cocaïne ou des opiacés. Les personnes héroïnomanes comparent volontiers ce plaisir intense à un orgasme.
S
Sevrage : Action de priver une personne toxicomane de sa drogue habituelle lors d’une phase de désintoxication.

Le syndrome de sevrage décrit le fonctionnement anormal de l’organisme et l’ensemble des manifestations caractéristiques désagréables, d’ordre psychique ou physique (crampes, insomnies, vomissements, hallucinations, sueurs, perte d’appétit) survenant lors de la suppression de la drogue chez un sujet en état de dépedance à l’égard de celle-ci.

Certains sevrages doivent être surveillés ou supervisés médicalement.

Shooter : Argot, synonyme de faire une injection intraveineuse de drogue.

Shooting Gallery : Argot, désigne un lieu clandestin où les consommateurs achètent de petites quantités de drogues (surtout cocaïne et héroïne), souvent pour s’injecter ou consommer sur place. Le most piquerie est le terme français correspondant. Il s’agit parfois d’appartements où l’on retrouve des matelas sur le sol à l’usage de la clientèle.

Skin-popping : Argot, réfère à l’injection de cocaïne par voie sous-cutanée.

Smack : Argot, synonyme de héroïne.

Snif : Prise nasale de drogue.

Sniffer : Action de renifler, priser une substance, le plus souvent de la cocaïne, de l’héroïne ou de la phencyclidine (PCP). Les consommateurs de cocaïne ou d’héroïne « sniffent » se « fixent », ou se «shootent ».

Speed : Argot, synonyme d’exitants (amphétamines ou cocaïne).
Speedball : Consommation simultanée de cocaïne et d’héroïne. Pour les amateurs de sensations fortes, l’effet est très attirant, brusque et très intense, un gros « rush » : la stimulation de la cocaïne sans la tension nerveuse qui l’accompagne.

Stéréo : Expression utilisée, entre autres, au centre-ville de Montréal par les jeunes UDI pour connaître si leur copain est atteint du VIH. Ils posent la question « Es-tu stéréo? » pour « Es-tu séropositif? »

Stimulant : Substance qui agit sur le système nerveux central en limitant momentanément le besoin de sommeil, la fatigue et la fatigabilité, souvent en réduisant l’appétit : tels sont les stimulants de la vigilance, les stimulants de l’humeur ou antidépresseurs.

Stone (être) : Argot, signifie planer à l’héroïne ou au haschich (dérivé du cannabis).

Straight : Argot, désigne une personne qui ne consomme pas de psychotropes tout particulièrement, les drogues illicites.

Sucre : Argot, réfère à une dose de LSD. Quelques gouttes sont déposées sur un sucre qui est ensuite absorbé.
T
Tolérance : Phénomène biologique par lequel des doses croissantes ou de plus en plus rapprochées d’un produit psychotrope sont nécessaires, dans une période de temps donnée, pour produire un même effet chez une personne, sans dommage apparent à court terme. L’organisme acquiert généralement cette tolérance progressivement.

La tolérance est observée dans le contexte de la consommation régulière des substances suivantes : alcool, amphétamines et leurs dérivés, barbituriques, benzodiazépines, cannabis, cocaïne, inhalants, opiacés, phencyclidine.

La tolérance à une substance donnée présuppose une consommation assidue de cette substance sur une période de temps qui est directement proportionnelle à l’importance du phénomène observé.

Tolérance croisée : Tolérance à une drogue résultant de l’utilisation d’une autre drogue possédant en général une structure chimique ou des propriétés pharmacologiques voisines. Ainsi, on remarque le phénomène entre les différentes substances d’une même classe, par exemple entre différentes sortes de benzodiazépines ou entre l’alcool et les opiacés.

Tolérance inversée : Réaction selon laquelle l’effet d’une certaine drogue augmente avec l’usage de cette drogue. La tolérance métabolique permet d’expliquer le phénomène de la tolérance inversée : l’usage régulier d’un produit pendant plusieurs années entraîne à long terme, dans certains cas, une toxicité pouvant affecter l’organe assurant le métabolisme de cette substance, par exemple le foie pour l’alcool. Ainsi, un alcoolique atteint d’hépatite chronique peut voir diminuer de façon très importante sa tolérance métabolique, d’où la tolérance inversée.

Toxicomane : Personne qui présente un problème de toxicomanie. Il faut faire une différence fondamentale entre les usagers de psychotropes : usagers à but récréatifs et ceux qui ont abusé au point d’être dépendants. Les personnes toxicomanes actuelles sont, le plus souvent, des polytoxicomanes qui se risquent à composer les mélanges les plus variés. Les personnes toxicomanes sont fréquemment identifiées selon le type de produit absorbé (ex. : cocaïnomane, héroïnomane).

Toxicomaniaque : Adjectif employé en relation avec le terme toxicomanie (ex. : comportement toxicomaniaque).
Toxicomanie (définition française) : En 1950, un comité d’experts de l’OMS a défini ce concept selon les termes suivants : « État d’intoxication périodique ou chronique engendré par la consommation répétée d’une drogue psychoactive (naturelle ou synthétique). Cette définition large sous-entend : un désir violent ou un besoin de continuer à consommer de la drogue et à se le procurer par tous les moyens; une tendance à augmenter les doses; une dépendance psychique et souvent physique à l’égard des effets de la drogue. »

Cependant, nombre de spécialistes devaient constater que ce concept, pour plusieurs raisons, s’avérait peu approprié à beaucoup de situations. Il ne peut s’appliquer au sens strict qu’à quelques opiacés et éventuellement à certains cas de dépendance vis-à-vis de l’alcool et vis-à-vis des sédatifs. D’autre part, il fut remarqué dans les milieux intéressés (juridique, médical) un recours constant et inapproprié au terme de toxicomanie.

En 1961, l’OMS réalisant l’inopportunité de l’emploi du concept de toxicomanie et de celui d’accoutumance décidait de les remplacer par un terme sans équivoque « qui correspond à une conception médicale et scientifique qui ne comporte aucune connotation sociale ou économique et qui n’évoque aucune idée de contrôle ». Le terme adopté fut celui de pharmacodépendance.


Toxicomanie (définition québécoise) : État général périodique ou chronique de dépendance à l’égard de la drogue, besoin irrésistible qu’éprouve une personne de consommer une drogue à doses et à fréquence croissantes, même si elle est consciente des risques ou dangers associés à sa consommation.

Les caractéristiques de la toxicomanie sont notamment :

· un irrésistible désir ou besoin de continuer à consommer la drogue et de s’en procurer par tous les moyens;
· une tendance à augmenter les doses;
· une dépendance psychologique et possiblement physique à l’égard des effets de la drogue;
· des effets nuisibles à l’individu, à son entourage et à la société.
Liste des périodiques en toxicomanie

Alcohol and alcoholism.
American journal of drug and alcohol abuse.
British journal of addiction.
Drugs and society.
Economic Botany.
Journal of drug issues [10(2) print emps 1980, numéro special “The recreational and social uses of dependency-producing drugs in diverse social and cultural contexts”].

Journal of ethnopharmacology.
Journal of psychedelic drugs.
Journal of psychoactive drugs.
Journal of public health policy.
Journal of substance abuse.
Medical Anthropology.
Psychotropes.
Quarterly journal of studies on alcohol.
Science et vie, 160, septembre 1987, numéro hors série: “Le dossier Drogue”.

Social science and medicine.
The international journal of the addictions.
Toxicomanies, [1971, 4(2), Chopra, “L’abus des drogues dans les sociétés primitives”].

Liste tirée de : Cardinal, N. (1993). Guide pédagogique, cours TXM IIIID : Contextes d’utilisation de psychotropes. Certificat en toxicomanies. Faculté de l’éducation permanente, Université de Montréal, p. 8.
À propos de Psychotropes

PSYCHOTROPES
Revue Internationale des Toxicomanes

Psychotropes est une nouvelle revue scientifique pluridisciplinaire qui traite de toutes les formes de dépendance. Il n’existe actuellement aucune publication francophone de ce type sur le plan international. Or tous les experts reconnaissent la nécessité de diffuser une information valide sur les dépendances à l’intention des chercheurs, des enseignants, des thérapeutes et de tous les intervenants concernés par ce sujet.

Au moment où de nombreux pays accentuent leurs efforts de recherche, diversifient leurs stratégies de prévention et de soins, il importe que les pays francophones disposent d’une revue de haut niveau scientifique pour faire connaître leurs spécificités trop souvent ignorées sur le plan international. Dans un souci d’échange et de confrontation, il est essentiel de faire connaître les travaux, les expériences et les réflexions élaborés dans ces pays.

La revue Psychotropes est ouverte à toutes les approches concernant les dépendances. Résolument puridisciplinaire, l’étude de l’usage et de l’abus des « drogues » constitue pourtant l’axe central de la publication. Les thématiques suivantes y seront développées : les produits et leurs effets, pathologies somatiques, psychopathologie, prévention, thérapeutiques, contextes d’usage, anthropologie, sociologie, histoire, épidémiologie, législation, économie.

La politique éditoriale de Psychotropes est marquée par un esprit d’ouverture, dégagé, nous le souhaitons, d’empreintes idéologiques trop marquées. C’est à une véritable épistémologie comparative des modèles élaborés dans les différentes disciplines conercnées par les divers usages de psychotropes que nous avons l’ambition d’œuvrer.

Nous souhaitons que Psychotropes devienne grâce à vous, auteurs et lecteurs, un instrument de travail indispensable et permette des échanges et des confrontations théoriques et pratiques internationales.
Si vous désirez recevoir de l’information concernant
PSYCHOTROPES, la Revue Internationale des Toxicomanies
Veuillez adresser ce coupon à :

Monsieur Pierre Lemarche
PSYCHOTROPES, Revue Internationale des Toxicomanies
10 140, rue Lajeunesse, Suite 421 (Montréal) Québec – H3L 2E2
À propos de RISQ

RISQ Recherche et Intervention sur les Substances psychoactives - Québec

Le RISQ est un groupe de recherche multidisciplinaire qui a mis sur pied un programme d’études et de travaus intégrés dans le domaine de la réadaptation en Toxicomanie.

LES AXES DE RECHERCHE

Créé en 1991 dans le cadre du programme de subvention de partenaire en recherche sociale du CORS, le groupe s’est donné comme objectif central de…
« …préprarer les centres de réadaptation pour les personnes alcooliques et toxicomanes à intervenir plus efficacement auprès de leur clientèle à compter de 1995. Les résultats qui en seront issus pourront également être utiles à des fins de prévention et de planification de services. »
L’atteinte de cet objectif se réalise à travers cinq axes de recherche qui prévoient :

Ø établir le profil biopsychosocial de la clientèle des centres de réadaptation en le comparant à celui de la population générale de la même catégorie d’âge;

Ø identifier les facteurs (de vulnérabilité ou de protection) et les conduites associées susceptibles d’influencer le processus de réadaptation;

Ø évaluer l’importance relative des divers déterminants du processus de réadaptation;

Ø élaborer un cadre conceptuel sur les conditions qui favorisent l’augmentation et la réduction de la consommation de substances psychoactives et de problèmes qui y sont associés;

Ø développer et valider des instruments psychométriques et des outils de recherche dans le domaine de la toxicomanie.
LES MEMBRES DU RISQ
Logé au Centre de réadaptation Domrémy-Montréal qui assure la gestion financière de la subvention d’équipe, le RISQ réunit des chercheurs(es) des milieux universitaires et du réseau de la santé et des services sociaux.

Chercheurs principaux :
Michel Landry, DSP, du Regroupement des centres de réadaptation Alternatives, Domrémy-Montréal et Préfontaine
Jacques Bergeron, professeur agrégé, Université de Montréal (psychologie)
Serge Brochu, professeur agrégé, Université de Montréal (criminologie)
Céline Mercier, directrice, Unité de recherche psychosociale, Centre de recherche de l’hôpital Douglas
Louise Nadeau, professeur agrégé, Université de Montréal (psychologie)

Chercheurs associés :
Denyse Boivin, chercheure, Centre de recherche Robert-Giffard/Université Laval
Natalie Kishchuk, responsable, Organisation et Évaluation des services préventifs, Direction de la Santé publique, de la RRSSMC
Andrée Demers, chercheure, GRASP, Université de Montréal
Pauline Morissette, professeure adjointe, Université de Montréal (École de service social)

Clinicien associé :
Michel Germain, chef d’unité de réadaptation, Centre de réadaptation Domrémy-Montréal

L’équipe du RISQ :
Louise Guyon, chercheure, coordonnatrice
Lyne Desjardins, agent de recherche
Brigitte Beauvais, agent de recherche
Marcelle Demers, secrétaire
Auxquels se joignent des professionnels de recherche, des stagiaires et des étudiants de recherche

Partenaires :
La Fédération des Centres de réadaptation pour personnes alcooliques et toxicomanes du Québec, le Département de psychologie, l’École de criminologie et le Centre international de criminologie de l’Université de Montréal.

LES AUTRES ACTIVITÉS :
· Séminaires (internes et publics);
· Formation (universitaire et dans le réseau d’établissement);
· Présentation et diffusion des résultats de recherche;
· publications
RISQ Recherche et Intervention sur les Substances psychoactives – Québec

PUBLICATIONS DISPONIBLES AU RISQ
CAHIERS DE RECHERCHE

BERGERON, J., LANDRY, M., ISHAK, I., VAUGEOIS, P., TRÉPANIER, M. (1992). Validation d’un instrument d’évaluation de la gravité des problèmes reliés à ala consommation de drogues et d’alcool, l’indice de gravité d’une toxicomanie (IGT). (102 pages).

BERGERON, J., GOSSELING, M. (1993). Évaluation des qualités psychométriques du questionnaire de santé mentale SCL-90-R (80 pages).

BROCHU, S., KISHCHUK, N., LANDRY, M., MERCIER, C., NADEAU, L. et coll. (1993) Programme de recherche du RISQ : Cadre conceptuel (119 pages).

BROCHU, S. (1994) Drogue et criminalité : mythe ou réalité? (26 pages).

BROCHU, S. (1995) Prévention de la toxicomanie : prévention de la délinquance : prévention de la déviance. (22 page).

DESJARDINS, L., GERMAIN, M. (1995). Profil de la clientèle à double problématique : toxicomanie et délinquance. (66 pages).

CUSSON, F., LAFLAMME-CUSSON, S. (1994). La drogue au Québec : recherches et trouvailles. (173 pages).

GUYON, L., LANDRY, M. et coll. (1993). Analyse descriptive de la population en traitement de Domrémy-Montréal, à partir de l’IGT 1991-1992. Résultats généraux. (62 pages).

GUYON, L., NADEAU, L., BOYER, R. (1993). Devis pour la réalisation d’enquêtes épidémiologiques en toxicomanie. Document déposé au Ministère de la Santé et des services sociaux. Publié par le MSSS.

KEIGHAN, S. (1994). La prévalence des conduites de risque chez les toxicomanes utilisateurs de drogues intraveineuses et les toxicomanes non-utilisateurs de drogues intraveineuses. (75 pages).

LAFLAMME-CUSSON, S., MOISAN, C. et coll. (1993). Le cheminement des bénéficiaires dans trois centres de réadaptation pour personnes toxicomanes. Publié par le MSSS.

LAFLAMME-CUSSON, S., GUYON, S., LANDRY, M. (1993). Analyse comparée de la clientele de trios centers de réadaptation pour personnes alcooliques et toxicomanes à partir de l’IGT. (60 pages).

LAFLAMME-CUSSON, S. (1994). L’alcool au Québec : recherches et trouvailles. (147 pages).

LOSLIER, L., LANDRY, M., GUYON, L. (1994). Variations de l’Indice de gravité d’une toxicomanie et origine des clients de Domrémy-Montréal. Analyse géographique. (82 pages).
NADEAU, L. (1993) La dépendance aux substances psychoactives : la définition de la toxicomanie et l’évaluation psychologique. (15 pages).

MERCIER, C. (1994). Toxicomanie et Itinérance. Recension des écrits. (38 pages).

À paraître

NADEAU, L. (1995). Les troubles liés aux substances psychoactives : la définition de la toxicomanie et l’évaluation psychologique réédition de La dépendance aux substances psychoactives : la définition de la toxicomanie et l’évaluation psychologique.

RACINE, S. (1995). L’interaction entre troubles de la personnalité et la toxicomanie dans les cas de comorbidité.

CAHIERS TECHNIQUES

ALARIE, S., BRUNELLE, N. (1994). Évaluation de la consommation d’alcool et de drogue auprès d’un échantillon de détenus au Centre de détention de Montréal. (69 pages).

BRUNELLE, N. (1992). Drug Abuse Screening Test (DAST) et Alcohol Dependance Scale (ADS). Guides pratiques à l’intention des utilisateurs. (28 pages).

DESJARDINS, L., GUYON, L. (1993). Constitution de la banque de données IGT de Domrémy-Montréal, 1991-1992. (100 pages).

PARENT, I. (1995). Toxicomanies et comportements à risque pour le VIII/SIDA chez les femmes incarcérées : classification de la littérature spécialisée. (146 pages).

PROVOST, G., MERCIER, C. (1994). La comorbidité des troubles psychiatriques chez des alcooliques et des toxicomanes : classification de la littérature spécialisée. (266 pages).

MATÉRIEL AUDIO-VISUEL

SINGLE, E. (1994). Social Policy Regarding Alcohol. Cassette video.

FACY, F. (1994). Drogue et prison. Cassette vidéo.

McLELLAN, T.A. (1992). Is Substance Abuse Treatment Effective? Compare to What?. Cassette video.

RUSH, B. (1992). Overview and Current issues in the Ontario Alcohol and Drug Treatment System. Cassette video.
1. Ces publications sont envoyées systématiquement aux collaborateurs et aux partenaires du RISQ dès leur parution; elles sont également déposées dans les principaux centres de documentation. On peut s’en procurer des copies en s’adressant au secrétariat du RISQ (514-385-0046, poste 502); des frais minimum de photocopie et de poste sont alors demandés.
Documents consultés



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Brisson, P. (dir.). (1988). L’usage des drogues et la toxicomanie. Vol.I. Montréal : Gaétan Morin.

Brisson, P. (dir.). (1994). L’usage des drogues et la toxicomanie. Vol.I. Montréal : Gaétan Morin.

Caridnal, N. (1993). Guide pédagogique, cours TXM IIIID : Contextes d’utilisation de psychotropes. Certificat en toxicomanies. Faculté de l’éducation permanente, Université de Montréal.

Centre québécois de coordination sur le sida. (1993). Compte-rendu de la rencontre des UHRESS du 21 avril 1993-La personne toxicomane VIH-Sida et le stress induit chez l’intervenant. Québec : MSSS.

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